Tuberculoses résistantes : l’explosion
12 septembre 2012
Dans la revue de référence The Lancet, des médecins américains lancent un nouveau cri d’alarme face à la multiplication des cas de tuberculose résistante et ultra-résistante, notamment dans la Fédération de Russie et en Corée du Sud. Dans ces deux pays en effet, la prévalence réelle des formes ultra-résistantes de la maladie serait deux fois plus élevée que les chiffres officiels de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Etat des lieux.
Le Dr Lucy Dalton et son équipe des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta (Etats-Unis) se sont penchés sur les cas de tuberculose résistante observés dans 8 pays : Afrique du Sud, Corée du Sud, Estonie, Lettonie, Pérou, Philippines, Russie et Thaïlande.
Au total, ils ont isolé 1 278 formes multi-résistantes de la maladie. Autrement dit, des cas dans lesquels le bacille tuberculeux résiste au moins à l’isoniazide et à la rifampicine, les deux médicaments anti-tuberculeux les plus puissants. Les chiffres varient fortement selon les pays, de 33% des patients concernés en Thaïlande à 62% en Lettonie.
Multi-résistante ou … ultra-résistante
Les auteurs se sont également intéressés aux cas de tuberculose ultra-résistante. C’est-à-dire ceux où la maladie est résistante à quasiment tous les traitements… La situation serait particulièrement critique dans des pays comme la Fédération de Russie et la Corée du Sud, où 11,3% et 15,2% des tuberculeux respectivement, seraient concernés. Des proportions 2 à 3 fois plus élevées que les estimations de l’OMS… « A ce jour, des cas de tuberculose ultra-résistante ont été observés dans 77 pays. Mais la prévalence précise de la maladie reste inconnue », précise Lucy Dalton.
Comme le rappelle l’OMS, « la tuberculose peut être traitée par une association de quatre médicaments anti-tuberculeux standards ou de première ligne. S’ils sont mal utilisés ou mal administrés, une tuberculose multi-résistante peut se développer. Celle-ci est plus longue à traiter avec les médicaments de deuxième ligne, qui sont plus chers et produisent davantage d’effets secondaires ».
Quant à la tuberculose ultra-résistante, « elle peut se développer quand ces médicaments de deuxième ligne sont mal utilisés ou mal administrés, et deviennent donc également inefficaces (…). Les options de traitement sont alors sérieusement limitées ».