Ulcère de Buruli : la bactérie se dévoile
23 janvier 2014
Collecte de punaises aquatiques (Cameroun). Les punaises aquatiques sont des hôtes naturels du bacille Mycobacterium ulcerans, responsable de l’ulcère de Buruli. Le cycle biologique de ces insectes piqueurs s’accomplit dans l’eau ©IRD S. Meyinaebong
Bientôt un traitement contre l’ulcère de Buruli ? Des chercheurs de l’INSERM sont en effet sur une piste intéressante pour mieux comprendre les conditions dans lesquelles la bactérie responsable de cette maladie produit sa toxine. Tout serait une question de… sucres !
L’ulcère de Buruli est une maladie émergente provoquée par une infection à Mycobacterium ulcerans. Elle sévit dans les pays tropicaux et humides de l’Afrique de l’Ouest. Elle n’est pas mortelle mais entraîne des lésions cutanées, osseuses et musculaires majeures. Deux fois sur trois, elle frappe des enfants de moins de 15 ans qui présentent alors des cicatrices très invalidantes et stigmatisantes.
Les chercheurs de l’Unité 892 INSERM/CNRS/Université d’Angers s’intéressent depuis plusieurs années à Mycobacterium ulcerans. Objectif, comprendre son fonctionnement et identifier des pistes thérapeutiques. La bactérie croit très lentement dans des milieux aquatiques et produit une toxine cytotoxique appelée mycolatone. « C’est cette substance qui entraine les lésions observées chez les patients », indique l’INSERM. Cependant, les conditions de production et de régulation de la synthèse de cette toxine restent inconnues.
Du sucre pour bloquer la toxine
Les scientifiques ont donc isolé et analysé les différents composants des algues sur lesquelles pousse naturellement M. ulcerans. Ils ont constaté que la bactérie croît plus rapidement, mais ne produit plus de toxine, lorsqu’elle est cultivée sur un milieu riche en carbohydrates (sucres) issus de ces algues.
« Ces carbohydrates interrompent la production de la toxine sans empêcher la croissance du germe. Reste à savoir de quelle façon », indique Laurent Marsollier, co-auteur de ce travail. « Si nous comprenons comment la production de cette toxine est régulée, alors nous trouverons sûrement des cibles thérapeutiques pour lutter contre l’infection ».