Ultraviolets et vitamine D : ne tombez pas dans le panneau !

30 juin 2011

« Quinze à vingt minutes d’exposition à la lumière par jour, c’est suffisant pour satisfaire ses besoins en vitamine D. Pas besoin d’aller dans des cabines de bronzage ». Cette mise au point est signée du Pr Brigitte Dréno, chef du service de dermato-cancérologie du CHU de Nantes. Elle s’imposait, après la parution de plusieurs études – ou leur interprétation fallacieuse – incitant les femmes à se rendre dans des solariums. Ces derniers devaient soi-disant, leur permettre de réduire leur risque de cancer du sein ! Quant aux hommes qui étaient également visés, on leur promettait ainsi d’augmenter leur fertilité !

Sur son site internet, le Sunlight Research Forum (SRF) se présente comme une association dont le but est « d’aider à faire connaître les derniers développements médicaux et scientifiques sur les effets d’une exposition modérée au rayonnement UV ».

Une lecture plus approfondie – de ses communiqués de presse notamment – nous apprend que ce SRF relaie régulièrement des messages incitant les hommes comme les femmes à recourir aux solariums. Officiellement pour satisfaire leurs besoins quotidiens en vitamine D !

Le 19 mai dernier, ses représentants ont ainsi publié un communiqué selon lequel « les hommes qui feraient le plein de vitamine D au soleil ou en solarium donnent un avantage à leurs spermatozoïdes en termes de motilité, de vélocité et de force de pénétration ». Impressionnant… ! Installé à Genève, l’urologue et andrologue Alain Bitton ne cache pas sa surprise. « Je n’ai pas notion d’une telle relation », nous a-t-il expliqué. « Les vitamines souvent prescrites pour (améliorer) la fertilité masculine sont les vitamines C et E, pour leurs propriétés anti-oxydantes. Il ne faut surtout pas oublier que le soleil produit des UVA et des UVB très nocifs pour la peau et le corps. Et ils peuvent être à l’origine de cancers et notamment de mélanomes ».

Un mois plus tard – le 20 juin – nouveau communiqué de presse ciblant cette fois-ci les femmes. Le SRF y reprend à son compte l’étude E3N, publiée par l’INSERM en… septembre 2010. Dans ce travail, les auteurs faisaient état d’une « diminution significative (25%) du risque de cancer du sein chez les femmes présentant des concentrations en vitamine D les plus élevées ».

Contrairement à ce que laisse supposer le SRF, les auteurs de ce travail très sérieux n’en déduisent absolument pas qu’il faille s’exposer au soleil ou en solarium pour faire le plein de vitamine D. Bien au contraire. A leurs yeux, la solution prendrait plutôt la forme d’une complémentation. Celle-ci bien sûr, doit être envisagée au cas par cas avec son médecin. « Il faut être vigilant », conclut Brigitte Dréno. « De nombreuses études portant sur ce sujet sortent ces derniers temps à travers le monde ». Une manière polie de rappeler que le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS à Lyon, a classé les appareils de bronzage à émission d’UV comme « cancérogènes pour l’homme » (Groupe 1)…

  • Source : Interview du Pr Brigitte Dréno, 20 juin 2011 – Congrès de l’European Association of Dermato-Oncology (EADO), Nantes, 20-23 juin 2011 – Interview du Dr Alain Bitton, 19 mai 2011 - SRF, 20 juin 2011 – SRF, 19 mai 2011 -

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