Un médicament pour prévenir le diabète de type 1, bientôt une réalité…
25 octobre 2023
Dans le diabète de type 1, une maladie auto-immune, le corps attaque ses propres cellules productrices d'insuline. Après des décennies de recherche, la première immunothérapie, le téplizumab, a démontré sa capacité à retarder de plusieurs années la dépendance à l'insuline. Les résultats de l'étude PROTECT viennent d'être dévoilés. C’est un succès chez des enfants à risque.
En cas de diabète de type 1, l’organisme ne peut pas utiliser efficacement le sucre (glucose) provenant de la nourriture pour produire de l’énergie. En cause : le système immunitaire attaque et détruit certaines cellules du pancréas, appelées cellules bêta, qui sécrètent l’insuline. Cette hormone-clé permet au glucose d’entrer dans les cellules. Si une personne atteinte de diabète de type 1 ne s’injecte pas d’insuline, le glucose s’accumule dans le sang, ce qui entraîne une augmentation du taux de sucre (glycémie), pouvant à terme causer des dommages aux organes vitaux.
La progression de cette maladie se déroule en plusieurs étapes, allant de l’apparition initiale d’auto-anticorps (qui se fixent aux cellules pour les détruire) à une altération sévère de la fonction des cellules bêta, conduisant au diagnostic clinique de diabète de type 1.
L’aboutissement de deux décennies de recherche
Le Pr Lucienne Chatenoud, à la tête du service d’Immunologie biologique de l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP, Paris) est à l’origine de la découverte du mécanisme immunologique qui a conduit à la création du médicament téplizumab, un anticorps monoclonal, il y a plus de 20 ans. Elle se réjouit de cette avancée majeure dans la perspective de prévenir la maladie : « Cette toute première immunothérapie au monde dans le diabète de type 1 est en mesure de restaurer la tolérance du « soi », et éviter ainsi l’autodestruction des cellules productrices d’insuline. »
Le principe : d’une part, cibler les lymphocytes T (les “soldats” du système immunitaire qui combattent les infections et les cellules cancéreuses) en les rendant insensibles à leur stimulation antigénique (la stimulation qui les informe de la cible à détruire). D’autre part, le téplizumab active les lymphocytes T protecteurs.
Le téplizumab pour moduler la progression du diabète de type 1
Selon les données publiées en 2021, un traitement unique de 14 jours à base de téplizumab retarde l’apparition de la maladie jusqu’à 4 ans avant que l’insuline ne soit nécessaire. Certains patients peuvent même se passer de l’insuline pendant 7 à 8 ans. Sur cette base, l’anticorps monoclonal téplizumab a récemment obtenu l’approbation pour son utilisation dans la prévention du diabète de type 1 chez les enfants de plus de 8 ans aux États-Unis.
À ce jour, l’Agence Européenne du Médicament n’a pas encore statué. Cependant, les résultats de l’essai PROTECT, auquel le Pr Chatenoud a bien entendu contribué, présentés lors du 49e Congrès annuel de la Société internationale du diabète de l’enfant et de l’adolescent qui s’est récemment tenu à Rotterdam aux Pays-Bas, devraient accélérer ce processus. L’essai PROTECT démontre en effet le potentiel du téplizumab pour ralentir l’installation d’un diabète de type 1 clinique chez les enfants et adolescents nouvellement diagnostiqués. Pour entrer dans les détails, deux cures de 12 jours de l’immunothérapie au téplizumab, administrées par voie intraveineuse, ont ralenti la perte de cellules bêta et préservé leur fonction chez des enfants et des adolescents âgés de 8 à 17 ans, chez qui un diabète de type 1 auto-immun (de stade 3) avait été diagnostiqué au cours des six semaines précédentes.
Reste un défi de taille, celui de proposer ce traitement au plus grand nombre. Il s’agit donc de mettre en place un dépistage au sein des familles, où les individus présentant simultanément un taux de sucre dans le sang anormal (dysglycémie) et au moins deux types d’autoanticorps sont déjà éligibles à un traitement au téplizumab. Si vous êtes dans cette situation, parlez-en avec votre diabétologue, qui vous orientera vers un centre spécialisé.
À plus long terme, un dépistage pour l’ensemble de la population sera envisagé. En effet, 85 % des personnes qui développent un diabète de type 1 n’ont aucun lien de parenté avec une personne diabétique.
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Source : 1. Sims EK, Bundy BN, Stier K, Serti E, et al ; Type 1 Diabetes TrialNet Study Group. Teplizumab improves and stabilizes beta cell function in antibody-positive high-risk individuals. Sci Transl Med. 2021 Mar 3;13(583):eabc8980. 2. Ramos E, Dayan C, Chatenoud L et al. Teplizumab and β-Cell Function in Newly Diagnosed Type 1 Diabetes. October 18, 2023. DOI: 10.1056/NEJMoa2308743 https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2308743
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Ecrit par : Hélène Joubert. Edité par : Vincent Roche