Un oiseau séducteur, maître de l’illusion

20 janvier 2012

Romantique en diable, le jardinier à nuque rose est aussi… très astucieux. Cet oiseau doit son nom à la petite crête rose qu’il porte derrière la tête, et à ses talents bien réels de paysagiste. Il exerce ces derniers à la saison des amours. Des chercheurs australiens l’ont observé de près : pour séduire sa belle, il décore l’endroit où il fait sa cour de façon à créer une illusion d’optique. Ainsi ce maître du trompe-l’œil parvient-il à paraître plus grand qu’il n’est !

John Endler et son équipe, de l’Université James Cook à Townsville, ont étudié durant plusieurs semaines le comportement de ce passereau d’Australie. Pour attirer et impressionner les femelles, ce dernier emploie les grands moyens. Durant des semaines en effet, il va constituer une aire de cour grandeur nature. Ce que les scientifiques appellent un gesso.

Il commence par construire une sorte d’arche (voir la photo ci-contre) constituée de branchages. Ensuite de quoi il rassemble des os, des coquillages, des pierres et d’autres objets – principalement de couleur grise – qu’il dispose sur son aire de cour et dans le couloir passant sous l’arche.

Un gesso décoré avec goût

Tous ces éléments ne sont pas disposés au hasard, bien au contraire. C’est même à ce stade que toute la malice de l’oiseau entre en jeu. « Lorsque la femelle arrive, le mâle prend les objets colorés et les lui présente un à un », explique John Endler. « Il place les plus gros éléments plus loin que les petits, de façon à créer l’illusion que les objets paraissent de la même taille. Et que l’aire est plus petite qu’elle ne l’est vraiment. Cette disposition est appelée ‘perspective forcée’ » (pour voir la vidéo, cliquez ici). De cette façon, le mâle au milieu de son gesso savamment décoré, apparaît à la femelle plus grand qu’il ne l’est vraiment.

Selon Endler, ces efforts sont le plus souvent récompensés. « Les femelles ont tendance à choisir les mâles dont la décoration produit la meilleure illusion ». L’auteur conclut toutefois que « le rapport entre la qualité de l’illusion et le succès de l’accouplement n’est pas encore clair… ». Voilà matière à d’autres observations à venir.

  • Source : Science, 19 janvier 2012

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