Un smartphone ne remplace jamais le médecin

23 janvier 2013

Le dépistage du cancer de la peau? Par son médecin. Pas son smartphone! ©Phovoir

Une très large proportion des utilisateurs de téléphones portables possèdent ce qu’il est deveu commun d’appeler un smartphone. Ces téléphones  mobiles polyvalents c’est vrai, nous offrent la possibilité de télécharger des dizaines de milliers d’applications. Des jeux, des outils de connexion aux réseaux sociaux, des moyens d’accès aux médias, des logiciels photo… Ces applications aussi, investissent de plus en plus le domaine de la santé.  Et même du diagnostic médical. Pour  les professionnels de santé, c’est un sujet de préoccupation croissante. Beaucoup de dermatologues aux Etats-Unis par exemple, s’inquiètent du développement  de d’applications dédiées au dépistage du mélanome.  Cela peut paraît curieux, tant il paraît important de sensibiliser le plus large public aux dangers de ce redoutable cancer de la peau.  Et pourtant…

Une équipe américaine de la Pittsburgh School of Health Sciences a testé quatre applications destinées à dépister les cancers de la peau. Développées pour le grand public, elles « analysent » les photos des naevi du patient, prises par lui-même. Les chercheurs ont donc soumis 188 images de grains de beauté à ces différentes applications. En parallèle, ils ont demandé à des dermatologues expérimentés d’étudier les mêmes photos. Le résultat de cette confrontation s’est avéré alarmant. En effet, les applications pour smartphones ont rendu de très nombreux diagnostics erronés. En particulier, 30% des naevi, dont les dermatologues ont établi qu’ils étaient des mélanomes, ont été jugés bénins par 3 applications sur 4 !

Un dépistage facilement accessible et peu onéreux

« S’appuyer sur ces applications mobiles au lieu de consulter un médecin, voilà qui peut entraîner un retard dans le diagnostic et à terme, dans la mise en œuvre d’un traitement », soulignent les auteurs. « Il est essentiel que les utilisateurs de ces outils ne leur accordent pas le même crédit qu’à une consultation médicale ». L’inquiétude soulevée par ces pratiques de plus en plus courantes est encore augmentée par le prix dérisoire de ces applications. Certains patients risquent ainsi d’accorder leur confiance à « des outils technologiques qui délivrent des résultats erronés ». D’autant que le délai pour obtenir une consultation dermatologique en France est parfois supérieur à 6 mois… sauf si l’on explique au secrétariat du médecin que l’on a observé « une drôle de tâche »…  Dans ce cas-là, il existe toujours une place en urgence, à quelques jours d’échéance.

Pourtant comme le rappelle cette étude, le dépistage du mélanome ne s’improvise pas. Les dermatologues sont formés et capables de distinguer un grain de beauté bénin d’un autre naevus, qui sera  malin. Mais le diagnostic n’est pas toujours évident. La preuve, des outils ont été développés pour aider les spécialistes dans leur travail. Le dermatoscope par exemple,constitué d’une lentille grossissante et d’une source de lumière, « permet une visualisation in vivo et non -invasive (donc totalement indolore, n.d .l.r.) de structures cutanées épidermiques, dermo-épidermiques et dermiques, accessibles ou non à l’œil nu », indique la Haute Autorité de Santé (HAS).

Le mélanome est un cancer de la peau favorisé par l’exposition au soleil. La pigmentation cutanée ainsi que le nombre de grains de beauté constituent également des indicateurs importants. « La fréquence du dépistage (de ces cancers) doit être évaluée avec son médecin traitant ou son dermatologue en fonction de son niveau de risque. Pour les personnes présentant un (facteur de risque), il est recommandé d’effectuer un auto-examen de sa peau régulièrement, et de se faire examiner par un dermatologue une fois par an », rappelle l’Institut national du Cancer (INCa). Chaque année, 5 000 à 6 000 nouveaux cas de mélanome sont diagnostiqués en France.

Aller plus loin : Consultez le document de la HAS sur la dermatoscopie.

  • Source : University of Pittsburgh Schools of the Health Sciences, 16 janvier 2013

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