Un traitement et un vaccin contre la maladie d’Alzheimer, bientôt une réalité ?

19 novembre 2021

Dans une étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry, des chercheurs britanniques et allemands ont mis au point un traitement prometteur contre la maladie d’Alzheimer. Mais aussi un potentiel vaccin pour prévenir la pathologie.

Caractérisée par une perte de la mémoire récente, mais aussi par une dégénérescence des fonctions exécutives et de l’orientation dans le temps et l’espace, la maladie d’Alzheimer résulte d’une lente dégénérescence des neurones.

L’un des mécanismes de la maladie met en cause la protéine bêta‑amyloïde, naturellement présente dans le cerveau. Cette dernière s’accumule au cours des années sous l’influence de différents facteurs génétiques et environnementaux. Elle finit par former des dépôts amyloïdes, aussi appelées « plaques séniles ». Cette accumulation induit une toxicité pour les cellules nerveuses.

« Dans les essais cliniques, aucun des traitements potentiels qui dissolvent les plaques amyloïdes dans le cerveau n’a montré beaucoup de succès en termes de réduction des symptômes d’Alzheimer », expliquent des chercheurs des Universités de Leicester (Grande-Bretagne) et Göttingen (Allemagne). Ils ont donc opté pour une approche différente. Plutôt que de se concentrer sur les plaques séniles déjà formées, ils se sont intéressés à la forme soluble des protéines qui les composent. Dans la maladie d’Alzheimer, une forte proportion de ces molécules en forme de chaîne se raccourcissent ou se « tronquent », et certains scientifiques pensent désormais que ces formes sont essentielles au développement et à la progression de la maladie.

Une efficacité… chez la souris

Sur un modèle murin, les scientifiques ont identifié un anticorps capable de neutraliser les formes tronquées de bêta-amyloïde soluble, sans se lier aux formes normales de la protéine ni aux plaques. Ils ont ensuite adapté cet anticorps afin qu’un système immunitaire humain ne le reconnaisse pas comme étranger et l’accepte.

Lorsqu’elle a examiné comment et où cet anticorps « humanisé », appelé TAP01_04, se liait à la forme tronquée de la bêta-amyloïde, l’équipe britannique a eu une surprise. La protéine bêta-amyloïde était repliée sur elle-même, dans une structure en épingle à cheveux.

« Cette structure n’avait jamais été vue auparavant », expliquent les auteurs. « Notre idée était que cette forme modifiée de bêta-amyloïde pourrait potentiellement être utilisée comme vaccin, pour inciter le système immunitaire de quelqu’un à fabriquer des anticorps de type TAP01_04. » Et cela a fonctionné chez des souris !

De son côté, l’équipe allemande a testé à la fois l’anticorps « humanisé » et le vaccin bêta-amyloïde modifié, appelé TAPAS, dans deux modèles murins différents de la maladie d’Alzheimer. Sur la base de techniques d’imagerie similaires à celles utilisées pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer chez l’homme, ils ont découvert que l’anticorps et le vaccin aidaient à restaurer la fonction neuronale, à augmenter le métabolisme du glucose dans le cerveau, à restaurer la perte de mémoire et à réduire la formation de plaque bêta-amyloïde !

Pour les scientifiques, cela ouvre la possibilité non seulement de traiter la maladie d’Alzheimer une fois les symptômes détectés, mais aussi de potentiellement vacciner contre la maladie avant que les symptômes n’apparaissent.

A noter : Hasard du calendrier, c’est au moment de la publication de cette étude qu’est lancé un essai clinique de phase 1 afin de tester un vaccin nasal contre la maladie d’Alzheimer. Objectif, utiliser un agent intranasal expérimental qui stimule le système immunitaire pour détruire les plaques bêta-amyloïde. Ce travail est le fruit de 20 ans de recherche de la part d’une équipe du Brigham and Women’s Hospital de Boston.

  • Source : Molecular Psychiatry, 14 novembre 2021

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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