Face à un AVC, faites le 15
24 octobre 2011
Avec chaque année 130 000 victimes en France – dont près de 20 000 ont moins de 50 ans – l’accident vasculaire cérébral (AVC) est un fardeau pour la santé publique. Outre que 20% de ses victimes n’y survivent pas, c’est en effet la première cause de handicap acquis chez l’adulte, dans les pays développés. Mais également la seconde cause de démence. Ces chiffres cruels justifient à eux seuls, la Journée mondiale de l’AVC, organisée ce 29 octobre.
L’attaque, vous connaissez, bien sûr. C’est en effet le nom qui lui est souvent donné dans le grand public. Et celle-ci survient lorsque la circulation sanguine cérébrale est interrompue :
– Soit parce que le passage du sang dans un vaisseau a été obstrué, généralement par un caillot : les spécialistes parlent alors d’AVC ischémique. C’est le cas de figure le plus fréquent, avec 80% des attaques ;
– Soit par rupture ou éclatement d’un vaisseau, provoquant une hémorragie cérébrale. L’AVC alors, est hémorragique.
Quels en sont les symptômes ? Une faiblesse soudaine, qui se manifeste d’un côté du corps, doit immédiatement vous alerter. « Cette ‘latéralité’ des symptômes est très importante » nous explique en effet le Pr Serge Timsit, chef du service de neurologie au CHU de la Cavale Blanche, à Brest. Mais ce n’est pas tout. Il souligne également d’autres signes révélateurs à côté desquels il ne faut pas passer :
– « la paralysie brutale mais aussi un simple engourdissement prolongé d’un bras, d’une jambe, d’une partie du visage ou d’un côté du corps » ;
– la présence d’un trouble de la vision, comme un voile devant les yeux, là encore « à droite ou à gauche » ;
– « des troubles de la compréhension et/ou des difficultés à parler ou à trouver ses mots ».
70 minutes entre les symptômes et l’appel…
Lors d’une attaque, le sang n’apporte plus aux cellules du cerveau, l’oxygène dont elles ont besoin pour fonctionner normalement. Certaines sont endommagées plus ou moins durablement, d’autres sont détruites. La chaîne des événements se déroule alors « à l’image d’un compte à rebours. Il faut faire vite et appeler le 15 pour avoir toutes les chances d’être dirigé vers la bonne filière, qui repose notamment sur l’admission dans une unité neurovasculaire (UNV) », poursuit notre spécialiste.
Là, une équipe pluridisciplinaire et hautement spécialisée prend alors le patient en charge, dans un minimum de temps. Ces professionnels en premier lieu, détermineront « s’il s’agit d’un accident vasculaire ischémique ou hémorragique » poursuit le Pr Timsit. « Dans le premier cas, nous administrons un traitement qui permet de détruire le caillot et de rétablir la circulation. C’est ce qu’on appelle la thrombolyse. Pour des raisons d’efficacité, ce traitement doit être administré aussi rapidement que possible, et en tout état de cause dans les 4 heures et demi suivant l’AVC ».
Si vous suspectez qu’un de vos proches a été victime d’une attaque, il est essentiel d’agir vite. Très vite. Selon les premiers résultats de l’enquête Profil AVC réalisée dans 18 centres hospitaliers de 13 régions en France, le délai moyen entre la survenue des premiers symptômes et l’appel au SAMU est de… 70 minutes. C’est évidemment beaucoup trop. Comme le conclut le Pr Timsit, « le bon réflexe, c’est d’appeler le 15. Sans attendre ».
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Source : Interview du Pr Serge Timsit, 13 octobre 2011 – Boehringer Ingelheim, octobre 2011 – Société française neurovasculaire, 10 octobre 2011