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En 2025, plus d’une femme française sur deux choisit de reporter leurs consultations gynécologiques (53 % exactement), selon une étude réalisée par l’Ifop pour la plateforme de téléconsultations Qare. Une femme sur trois n’a pas consulté de gynécologue depuis plus de deux ans.
Dans le top 3 des soins gynécologiques auxquels les femmes renoncent, 76 % font l’impasse sur les dépistages et visites de contrôle, 20 % se privent d’informations sur la ménopause, la grossesse et la contraception, et 17 % abandonnent la détection d’infections urinaires, mycoses ou MST (maladies sexuellement transmissibles ou IST, pour infections sexuellement transmissibles).
Les raisons du renoncement sont multiples et sans beaucoup de surprise. 36 % des femmes évoquent des délais d’attente trop longs, 32 % pointent un emploi du temps trop chargé (39 % parmi les femmes de plus de 35 ans et les mères de famille) et 20 % mentionnent un malaise avec leur propre corps (33 % des femmes de moins de 25 ans et 31 % des femmes inactives).
L’éloignement géographique (19 %) et les difficultés financières contribuent à la renonciation aux soins. 26 % des femmes ont indiqué avoir renoncé ou reporté une consultation gynécologique pour des raisons financières au cours des 12 derniers mois. Cette tendance est particulièrement marquée chez les femmes de moins de 35 ans (34 %). Ce sont elles aussi les plus touchées par l’abandon des soins gynécologiques : 61 % ont dû annuler ou repousser une consultation, contre 50 % des femmes de 35 ans et plus.
Par ailleurs, 32 % des femmes ayant renoncé à un soin gynécologique ne savent pas où chercher de l’aide. En situation de renoncement, 16 % des femmes cherchent des informations sur Internet, 9 % se tournent vers d’autres professionnels de santé que le gynécologue ou la sage-femme (infirmier, pharmacien, etc.), et 6 % vers leurs proches.
Dans une enquête précédente, 31 % des personnes âgées de 18 à 24 ans interrogées avaient déclaré n’être jamais allées chez un gynécologue (sondage Ifop-Qare 2022).
60 % des femmes seraient prêtes à téléconsulter pour un motif de santé gynécologique, dont 83 % des femmes âgées de 25 à 34 ans et 80 % de celles ayant déjà téléconsulté par le passé. Les raisons évoquées sont des délais rapides, un gain de temps et la praticité. Car certains motifs peuvent se prêter à la téléconsultation. Dans le top 5, on trouve : le renouvellement d’ordonnance cité par 43 % d’entre elles, des prescriptions liées à une mycose ou une infection urinaire (27 %), l’interprétation d’un examen gynécologique réalisé au préalable (25 %), un entretien de prévention (21 %), et un déplacement à l’étranger ou des vacances (20 %).
Le renoncement aux soins, qu’il soit gynécologique ou pour d’autres types de soins, reste une réalité en France, bien que des biais puissent affecter ces chiffres. Une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue en 2023 avait pointé la fiabilité de ce type de questionnement, notamment en ce qui concerne la manière dont les questions sont posées au fil des années. Selon la Drees, « la mesure du renoncement aux soins est très sensible à la formulation des questions ». Le taux de renoncement aux soins est un indicateur basé sur les réponses d’enquêtés à des questions subjectives. Ces réponses dépendent de l’interprétation individuelle des termes comme « besoin », « soin » et « renoncement ». De plus, selon une enquête de la Drees, l’impact du changement de formulation varie également en fonction des groupes sociaux des répondants.
A noter : Quare est une plateforme de téléconsultation et de rendez-vous médicaux en ligne.
Source : Le renoncement aux soins gynécologiques en France (4 mars 2025) : sondage réalisé en février 2025 par l’Ifop pour Qare, sur un échantillon de 1 003 femmes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française, et structuré selon la méthode des quotas ; Aude Lapinte : La mesure du renoncement aux soins est très sensible à la formulation des questions > DREES Méthodes n° 10 > août 2023
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet