Une personne sur deux atteintes d’une maladie de peau dort mal

03 novembre 2023

La moitié des personnes atteintes de maladies de la peau souffrent de troubles du sommeil. De plus, certaines dermatoses sont particulièrement difficiles à vivre, comme la maladie de Verneuil, également connue sous le nom d’hidradénite suppurée.

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Près de la moitié, précisément 42,3 %, des patients atteints d’une maladie de la peau souffrent de troubles du sommeil, selon une première étude sur ce sujet, annoncée par l’Académie européenne de dermatologie et vénéréologie lors de son congrès 2023 (EADV, Berlin, Allemagne/ Octobre 2023).

Les chercheurs du PROJET ALL, une initiative de recherche internationale, ont mené une enquête auprès de 50 000 adultes dans 20 pays (dont 4 000 en France) pour évaluer l’impact des maladies cutanées, telles que la dermatite atopique/eczéma, le psoriasis, l’acné, le vitiligo, la rosacée, l’hidradénite suppurée, etc. Les principaux symptômes qui ont affecté le sommeil des patients atteints de maladies cutanées étaient les démangeaisons (60 %) et les sensations de brûlure ou de picotements (17 %). De plus, les patients ressentaient plus fréquemment de la fatigue dès le réveil (81 %, contre 64 % dans la population générale), des périodes de somnolence en cours de journée (83 %, contre 71 %), des sensations de picotements dans les yeux (58 %, contre 42 %) et des bâillements répétés (72 %, contre 58 %).

L’auteur principal de l’étude, le Dr Bruno Halioua, dermatologue (Paris), ajoute : « À l’avenir, les soignants devraient être encouragés à intégrer des questions sur d’éventuels troubles du sommeil lors de l’interrogatoire des patients souffrant d’affections cutanées. Cette étude est la première à pointer l’importance d’une détection précoce et d’une gestion efficace des problèmes liés au sommeil au sein de cette population. »

Un impact au-delà du sommeil

Le PROJET ALL a aussi constaté que ces troubles du sommeil avaient des implications plus larges sur la qualité de vie des patients atteints d’une maladie de peau. En effet, près de la moitié (49 %) d’entre eux ont signalé une productivité réduite au travail, contre seulement un participant sur cinq (19 %) sans maladie de peau.

Les douleurs cutanées sont également citées par 25 % des personnes souffrants d’acné, 15 % de ceux souffrant de rosacée, 16 % de psoriasis, 15 % d’hidradénite suppurée, 15 % d’eczéma et 11 % d’eczéma des mains, et 11 % de vitiligo.

Focus sur la maladie de Verneuil

L’étude s’est penchée plus spécifiquement sur l’impact au quotidien de l’hidradénite suppurée, également connue sous le nom de maladie de Verneuil, du nom du chirurgien qui l’a décrite pour la première fois. Il s’agit d’une affection cutanée provoquant des abcès de la peau, des nodules profonds douloureux et des cicatrices. Elle touche environ 1 personne sur 100. Le délai moyen de diagnostic demeure encore trop long, soit en moyenne 8 ans, selon la Société française de dermatologie. Cette maladie se manifeste par des follicules pileux où se trouvent les glandes sudoripares qui produisent la sueur, tels que la région de l’aine, des fesses, des seins et des aisselles. Sa cause exacte demeure mal connue. Elle s’avère souvent difficile à gérer, même si les symptômes peuvent s’améliorer voire disparaître avec le traitement.

Les résultats de l’étude révèlent que 77 % des patients atteints d’hidradénite suppurée ont ressenti de la stigmatisation en raison de leur maladie, tandis que 58 % d’entre eux ont été victimes d’ostracisme ou de rejet de la part des autres. Plus de la moitié des patients ont fait part du fait que les gens les évitaient physiquement (57 %) et socialement (54 %) en raison de leur état. Ces expériences ont eu des conséquences importantes pour les patients, influençant leur perception d’eux-mêmes, leurs relations et leur vie quotidienne.

« La stigmatisation liée à cette maladie exerce un profond impact sur la vie des patients et peut perpétuer un cercle vicieux d’isolement et de non-respect du traitement. En sensibilisant, nous pouvons œuvrer collectivement à créer une société plus inclusive, améliorant ainsi l’observance du traitement et allégeant la charge supportée par les patients », conclut le Dr. Halioua.

Le PROJET ALL est financé par le Département Patient Centricity de Pierre Fabre.

  • Source : Halioua B, et al. Prevalence and impact on professional life of sleep disturbance in patients with cutaneous disorders: A study of 17627 subjects data from the all skins-all colors-all dermatoses: The ALL PROJECT. Presented at the EADV Congress 2023; 11 October 2023; Berlin, Germany - Halioua B, et al. Impact of feeling of stigmatization on the lives of adult patients with hidroadenitis suppurativa: Data from the all skins-all colors-all dermatoses: The ALL PROJECT. Presented at the EADV Congress 2023; 11 October 2023; Berlin, Germany

  • Ecrit par : Hélène Joubert : Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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