Vacances : partir seul(e), une expérience qui se prépare
14 août 2024
« Une aventure unique ». « Une découverte de soi-même ». « De multiples rencontres »… Les vacances en solitaire apparaissent particulièrement valorisées sur les réseaux sociaux et autres blogs de voyages. De quoi motiver quelques mises en garde face à ce qui peut ressembler à des miroirs déformants…
Psychiatre et auteur de Psychologie de la solitude (Odile Jacob), Gérard Macqueron souligne que « la solitude est une réelle souffrance quand elle est vécue comme un échec, un abandon, un ennui et qu’elle n’est porteuse d’aucun sens ». A l’inverse, « lorsqu’elle est choisie et recherchée, elle apporte souvent réconfort, ressource et calme intérieur ». Au point de s’offrir des vacances en solitaire ?
Vacances subies ou choisies…
« Certaines personnes n’ont pas vraiment le choix », constate Valérie P., psychologue en Loire-Atlantique. Au quotidien, elle observe en effet toute une diversité de contextes, entre la quinquagénaire qui subit sa solitude et qui n’a d’autres possibilités que de partir seule, le jeune adulte qui veut découvrir une ville ou un pays en ‘sac à dos’ ou encore l’hyperactive qui souhaite faire un break plus ou moins préparé, en solitaire.
Absence de partage…
A ses yeux, « partir seul en vacances doit constituer un projet et non pas répondre à une forme de fuite »… Malgré tout, elle dégage deux constantes parmi « sa » population de vacanciers solos : un, « que ce soit à l’occasion d’une visite touristique ou simplement face à un paysage, toutes et tous déplorent l’absence de partage des émotions, de vécu du moment présent ». Deux : « c’est lors de temps morts comme les repas que la solitude apparaît la plus mal vécue. A la longue, manger seul peut être déprimant… Il convient d’avoir ces éléments à l’esprit avant de se lancer ».
Tester le concept
La psychologue préconise également aux candidats solos de « se tester » sur une courte période « avant d’envisager des vacances solitaires lointaines ou sur une durée de plusieurs semaines. Partez quelques jours, le temps d’un week-end prolongé par exemple, pour voir comment vous vivez la chose, si vous nouez facilement du contact, si vous en avez besoin etc. » Histoire de mieux se connaître, en somme…
Ouverture
Enfin, Gérard Macqueron précise toutefois que « savoir être seul, cela s’apprend » ! Illustration en vacances : laissez-vous surprendre de temps à autre, par quelques rencontres impromptues et autres contacts qui ne se seraient peut-être pas noués dans un autre contexte. « Partir seul ne signifie pas être fermé sur soi-même », conclut-il.
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Source : Psychologie de la solitude, Gérard Macqueron, Collection : Poches Odile Jacob. Interview de Valérie P., 12 août 2024
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Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet