Vaccin contre l’hépatite B : querelles d’experts sur fond d’inquiétude
15 novembre 2002
Le rapport d’expertise rendu dans l’affaire du vaccin contre l’hépatite B, et qui incrimine les anciens responsables de la santé, est loin d’apporter des réponses aux questions posées. Il relance en fait l’inquiétude des familles en faisant quasiment l’unanimité contre ses conclusions.
Selon ce rapport en effet, la campagne de vaccination contre l’hépatite B menée par la France en 1994 l’aurait été sans connaissances scientifiques fiables, notamment sur les risques éventuels liés au vaccin ! Conclusion d’autant plus surprenante que l’évaluation scientifique des vaccins contre l’hépatite B est abondante, validée et amplement publiée. Dès les premiers jours de cette polémique franco-française, l’OMS rappelait la sécurité du vaccin. En octobre 1998 elle a souligné que « plus d’un milliard de doses de vaccin anti-hépatite B ont été utilisées depuis 1981 avec un niveau exceptionnel d’innocuité et d’efficacité. Le vaccin anti-hépatite B est le premier vaccin dirigé contre un cancer humain majeur, les porteurs chroniques du virus (étant) le plus exposés au décès par cirrhose du foie et cancer du foie.(…) Les données scientifiques disponibles ne permettent pas de mettre en évidence une association causale entre la vaccination anti-hépatite B et des affections démyélinisantes du système nerveux central, y compris la sclérose en plaques. »
Les anciens ministres Philippe Douste-Blazy et Bernard Kouchner, mis en cause, se défendent de toute collusion avec l’industrie. Le dernier réclame en outre une véritable expertise scientifique, soulignant que « les expertises judiciaires à ce propos sont (…) entachées de partialité. »
En attendant, les familles subissent les aléas d’une machine judiciaire qui s’avère peu à même de gérer des données scientifiques. L’OMS parle de « pressions énormes exercées par des associations hostiles à la vaccination » en France et les spécialistes eux, sont scandalisés. Parce que l’hépatite B donne la cirrhose, provoque le cancer du foie et des hépatites fulminantes qui tuent en quelques jours. A tel point que d’après le service du Pr Bismuth au CHU Henri Mondor de Créteil « 10% des transplantations hépatiques sont consécutives à une atteinte par le virus de l’hépatite B.»