Vaccination anti-Covid : le poids des inégalités socio-économiques

24 février 2022

La variable socio-économique joue-t-elle un rôle dans le recours à la vaccination contre le virus Sars-CoV-2 ? C’est l’objet du troisième volet de l’étude EpiCov, menée par l’Inserm et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Niveau de diplôme, profession, revenus, origine géographique, lieu de vie… Ce sont les variables retenues par la Drees pour tenter de dessiner le portrait de la France non-vaccinée. Pour ce troisième volet de l’étude EpiCov (« Épidémiologie et conditions de vie ») co-réalisée avec l’Inserm, la Drees a interrogé plus de 85 000 Français âgés de plus de 18 ans pendant l’été 2021, soit six mois après le lancement de la campagne de vaccination.

« En juillet 2021, 70 % des personnes sans diplôme étaient vaccinées, contre 79 % chez celles ayant un diplôme égal ou supérieur à un bac+5 », indique l’étude. A cette même date, 9,2% des personnes sans diplôme ne souhaitaient pas se faire vacciner, contre 5% chez les Bac +5 et plus. L’écart est encore plus important si l’on regarde la variable profession : « 65 % des ouvriers ou anciens ouvriers étaient vaccinés, contre 83 % des cadres ou anciens cadres ». Et entre les personnes les plus modestes et les personnes les plus aisées, l’écart dépasse les 30 points (54,8% vs 87,6%).

Par ailleurs, les « personnes immigrées originaires d’un pays hors d’Europe et leurs descendants sont moins vaccinées que l’ensemble de la population adulte ». Et la couverture vaccinale est aussi très inégale selon les départements, les DROM étant particulièrement concernés au moment de l’étude : « elle s’élève à 32 % en Guadeloupe, 28 % en Martinique et à 44 % à La Réunion contre 72 % en métropole ».

Défiance politique, mais pas seulement 

Qu’en est-il des raisons qui poussent les personnes non vaccinées à refuser cette possibilité ? « La défiance envers le gouvernement quant à sa capacité à limiter la propagation du Covid-19 [est] fortement corrélée aux réticences à la vaccination », indiquent les statisticiens de la Drees. Ils se gardent cependant d’affirmer que cette défiance vis-à-vis du gouvernement est la cause directe du souhait de ne pas se faire vacciner.

Les raisons sont donc à chercher – en partie – ailleurs. Parmi celles invoquées par les enquêtés, aussi bien vaccinés que non vaccins : le fait que l’on manque de recul sur les effets des vaccins. Chez les non-vaccinés, le fait de connaître quelqu’un qui a rencontré un « problème de santé » après une vaccination quelle qu’elle soit semble jouer un rôle. « Parmi les personnes déclarant un tel incident, 17 % ne souhaitent pas se faire vacciner (…). Le fait de déclarer connaître quelqu’un ayant eu un problème à la suite d’un vaccin contre le Covid-19 peut également influer : 12 % de ces personnes ne veulent pas se faire vacciner ». 

  • Source : « Recours à la vaccination contre le Covid-19 : de fortes disparités sociales », Drees - Le 23 février 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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