Vers la naissance d’une nouvelle race d’hommes ?

13 octobre 2004

Myostatine, retenez mon nom !” C’est sous ce titre que le magazine Sport et Vie annonce le bouleversement à venir de la planète muscle. Une nouvelle forme de dopage pourrait bientôt se répandre, inspirée des techniques… d’élevage !

La myostatine est une protéine impliquée dans la régulation de la croissance musculaire. Elle est notamment chargée de limiter la multiplication des fibres musculaires. Laquelle peut survenir pour “réparer” un muscle meurtri, par une déchirure par exemple. Sans myostatine, ces fibres proliféreraient de façon anarchique.

L’histoire pourrait commencer dans la Belgique rurale du XIX ème siècle. A l’époque déjà, des agriculteurs avaient remarqué que des vaches se distinguaient par une musculature très développée. Sans connaître l’origine de cette curiosité, certains d’entre eux entreprirent de favoriser la reproduction de ces bovins, jusqu’à obtenir des animaux surpuissants.

Ce n’est finalement qu’en 1997 que le rôle de la myostatine sera mis à jour, au Johns Hopkins Institute à Baltimore. Mais en juin dernier, cette protéine apparaît en pleine lumière suite à un article publié dans le New England Journal of Medicine.

Aux haltères dès 4 ans !
L’auteur y racontait l’histoire d’un enfant allemand, né en 1999 avec des muscles surdéveloppés ! A 4 ans et demi, Popeye – un surnom qui s’imposait ! – soulevait déjà à bout de bras deux haltères de trois kilos chacun ! L’hérédité du bambin a alors été passée au crible. Si aucune information sur son père n’a été retrouvée, l’on apprend que sa mère a mené une honorable carrière d’athlète de haut niveau, comme championne du 100 mètres. Et que son grand-père s’amusait à desceller des pavés à mains nues !

L’analyse du génome est alors riche d’enseignements : cet enfant présente une mutation du gène codant pour la myostatine. En d’autres termes, celle-ci est comme inhibée, incapable de fonctionner correctement. Un constat qui donna des idées à certains chercheurs, qui se sont empressés de reproduire cette anomalie chez des souris atteintes d’une myopathie. Avec une réussite aussi étonnante qu’inquiétante… La masse musculaire des petits rongeurs a pu alors être multipliée par trois ! Et le Pr Martin Schuelke, qui suit le jeune Allemand, d’affirmer que ” la myostatine agit de la même manière chez la souris que chez les hommes !

Alors que les recherches sur les animaux se poursuivent, des inhibiteurs de la myostatine ont déjà fait irruption sur le marché du dopage. Notamment via des sites internet américains. Une nouvelle race d’hommes pourrait ainsi bientôt naître dans les salles de culturisme…

  • Source : Sport et Vie, n°86

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