© M-Production/shutterstock.com
Il n’existe pas de seuil universel. On parle d’excès lorsque la pornographie devient un besoin compulsif qui empiète sur la vie quotidienne – travail, études, relations – et ne procure plus qu’un soulagement temporaire au lieu d’un véritable bien-être.
Avant la puberté, une exposition trop précoce à des images pornographiques peut troubler la construction psychique et sexuelle, générer confusion, anxiété et perte de repères face à la réalité des relations. En effet, « l’enfant n’a pas la capacité mentale de comprendre les images qu’ils voient. Il est assailli par les images crues avant que le désir érotique se soit produit naturellement », précise Vincent Joly, psychologue à Paris. Les effets peuvent être majeurs dans ce cas, « avec des symptômes pouvant évoquer les conséquences d’un abus sexuel, comme des phobies, une perte d’estime de soi, des scarifications… ».
À l’adolescence, la pornographie influence souvent la perception du corps et des relations. Les jeunes peuvent intégrer des stéréotypes ou des comportements agressifs. « Chez les jeunes hommes, l’anxiété de la performance intervient souvent, tandis que chez les jeunes femmes, une peur de la sexualité peut se développer face à des images violentes », décrit Vincent Joly.
À l’âge adulte, la consommation, même importante, peut n’avoir aucune conséquence pour certains, mais devenir addictive pour d’autres. Elle peut provoquer une baisse du désir réel, des attentes irréalistes ou encore une vision objectifiée du partenaire. Chez certains hommes par exemple, « un phénomène de séparation entre les sentiments, la tendresse d’un côté et la sexualité de l’autre peut entraîner des troubles de l’érection ou du désir dans leur couple », explique le psychologue.
Le recours excessif à la pornographie peut globalement entretenir un cycle d’anxiété, de culpabilité et d’isolement.
Parler à un psychologue, un sexothérapeute ou un médecin peut aider à comprendre les causes du comportement et à retrouver une relation plus saine à la sexualité. L’objectif n’est pas la culpabilisation, mais la prise de conscience et l’équilibre.

Source : Interview de Vincent Joly, psychologue à Paris

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
Recevez chaque jour par e-mail les dernières actualités santé.