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Le valproate (Dépakine) et ses dérivés sont indiqués dans le traitement de l’épilepsie et des troubles bipolaires. Contre-indiqués chez la femme enceinte, car ils augmentent fortement les risques de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux (TND) chez l’enfant, des études chez l’animal ont montré que l’exposition paternelle pouvait également provoquer des troubles du développement dans la descendance. Et chez l’homme ? Jusqu’à présent, les études peu nombreuses n’ont pas pu apporter de résultats convaincants.
Une étude du groupe d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-Cnam Epi-Phare dont les résultats ont été publiés jeudi 6 novembre visait à mesurer l’association entre l’exposition paternelle au valproate pendant la spermatogenèse (formation des spermatozoïdes) et les risques de TND chez l’enfant. Ce travail a été mené à partir des données du SNDS (Système national des données de santé) incluant les enfants nés entre 2010 et 2015. Parmi un total de 2 832 850 enfants nés entre 2010 et 2015, 4 773 étaient nés d’un père traité par valproate pendant la spermatogénèse.
Les résultats suggèrent que l’exposition paternelle au valproate est associée à un risque augmenté de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant à naître. Selon un communiqué d’Epi-Phare, « les résultats sont particulièrement probants pour les troubles du développement intellectuel dont le risque apparaît doublé parmi les enfants exposés, ce qui se traduit par 3,5 cas supplémentaires pour 1000 enfants nés d’un père traité par valproate au moment de la conception ». Concernant les troubles déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, les troubles du spectre de l’autisme et les troubles de la communication, « une augmentation de risque plus modérée (de l’ordre de 20 à 25 %) ne peut être exclue, mais les résultats, moins robustes, nécessitent encore d’être confirmés ».
Dès 2023, les résultats d’une étude suggéraient une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père avait été traité par valproate dans les trois mois précédant la conception, soit le temps nécessaire chez l’homme à la spermatogénèse. L’ANSM avait alors alerté les professionnels de santé et demandé aux laboratoires commercialisant ces médicaments de faire figurer ce risque potentiel dans le résumé des caractéristiques du produit et dans les notices de ces médicaments.
En 2024, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments a recommandé que des mesures visant à limiter l’exposition au valproate par le père des enfants à naître et à informer les patients et les professionnels de santé de ce risque soient mises en place.
Et en 2025, les conditions de prescription et de dispensation ont été modifiées. « Patient et prescripteur cosignent chaque année une attestation d’information partagée, depuis le 6 janvier 2025 pour les initiations de traitement et depuis le 30 juin 2025 pour les renouvellements. Cette attestation cosignée datant de moins d’un an conditionne la dispensation du traitement en pharmacie », précise l’ANSM.

Source : ANSM, Epi-Phare

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet