Vieillir n’est pas une maladie

06 décembre 2023

Cheveux blancs, arthrose, diminution de l’appétit... A mesure que le temps passe, notre organisme présente des signes de vieillissement. Mais que dit précisément la science sur cette notion ? Est-il possible de déterminer précisément un « vieil âge » ? Les précisions du Pr Éric Boulanger, spécialiste de la biologie du vieillissement au CHU de Lille.

« Nos fonctions vitales sont au maximum entre 20 et 25 ans. Le déclin s’amorce ensuite à partir de 30 ans. Puis 50 et 75 ans marquent l’entrée progressive dans une plus grande vulnérabilité », décrit le Pr Éric Boulanger, spécialiste de médecine et de la biologie du vieillissement au CHU de Lille, et membre de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG).

En moyenne, « j’estime que nous pouvons entrer dans une situation de pré-fragilité dès l’âge de 45 ansIl n’y a pas si longtemps cet âgé était fixé à 60 ans ». Mais les maladies chroniques (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires…) sont plus précoces aujourd’hui. « En fixant à 45 ans l’âge d’entrée dans la pré-fragilité, nous sommes dans le vrai. »

Non pas que nous soyons officiellement âgés à 45 ans. Mais à compter de cet âge, nos facteurs de risque peuvent commencer à s’exprimer, qu’ils soient d’ordre génétique (20% des facteurs de risque étant liés à la génétique) ou plus liés à notre hygiène de vie. « Après la quarantaine, l’épigénétique, c’est-à-dire l’implication de l’environnement [perturbateurs endocriniens, alimentation industrielle, tabagisme, excès d’alcool…, ndlr] va pouvoir influer sur notre état de santé. C’est la raison pour laquelle il est conseillé de prendre soin de soi au plus tôt, et que le programme des 1 000 premiers jours concernant la santé du nourrisson et de l’adulte qu’il deviendra est d’une grande pertinence. »

En soi, « vieillir n’est pas une maladie », tient à souligner le Pr Boulanger. Ce ne serait « que » la conséquence des années passées. Mais tout de même, que se passe-t-il dans le corps quand, visiblement, nous vieillissons ? « Il se trouve que nos cellules se régénèrent moins rapidement, nos tissus ne se renouvellent donc plus aussi vite. Des cellules vieillissantes, dite sénescentes, s’accumulent et ont tendance à altérer le fonctionnement des cellules saines environnantes. »

« Il n’y a pas d’âge pour bien vieillir »

Fort heureusement la prévention a son mot à dire ! Comme le rappelle le Pr Boulanger, « il n’y a pas d’âge pour bien vieillir ». Pour apporter une réponse concrète à cet adage, « nous avons mis au point le programme Tempoforme®», poursuit le spécialiste. Objectif : éviter les points de vulnérabilité en incitant à prendre soin de soi, et en repérant tôt les fragilités réversibles. En bout de ligne, la personne avançant en âge présente ainsi un risque moindre de souffrir un jour « d’une sarcopénie (fonte musculaire, [ndlr], de chutes, de troubles de la vision, de l’audition, de déficit de la mémoire ou encore d’incidents cardiovasculaires ».

Comment ça marche ? En commençant, dès 45 ans donc, par évaluer votre degré de vieillissement fonctionnel en ligne (tempoforme.fr) ou en téléchargeant l’application gratuite Tempoforme (Ios et Android). Une fois les cases cochées, trois statuts sont possibles : robuste, pré-fragile ou fragile. En fonction du résultat, vous serez orienté vers votre médecin traitant ou, en accord avec ce dernier, vers Doctolib « espace Tempoforme® » pour :

  • Un Bilan Bien Vieillir complet en présentiel (Lille) ;
  • Ou une téléconsultation Bien Vieillir.

« Si la personne n’a pas de médecin traitant, dans ce cas nous contactons le réseau territorial**pour trouver un professionnel disponible », décrit le Pr Boulanger. Et en quoi consiste le Bilan Bien Vieillir ? A dépister d’éventuelles « fragilités physiques, cognitives et de l’humeur, neurosensorielles (vue et audition), cardio-métaboliques et nutritionnelles » pour les rendre réversibles.

Prendre soin de soin commence si tôt que le programme Tempoforme® investit aujourd’hui le monde de l’entreprise pour agir sur la qualité de vie au travail et le départ à la retraite.

Aller plus loin : « Je décide de bien vieillir, longtemps en bonne santé », du Pr  Eric Boulanger  aux Editions Odile Jacob (2021, 176 pages, 19,90 €).

*Programme mis en place par le CHU de Lille, le CHU Amiens-Picardie, l’Institut des Rencontres de la Forme (IRFO) et l’entreprise Kelindi dans le cadre de l’appel à projet initié par la Carsat Hauts-de-France dédié à la question du bien vieillir

** communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)

  • Source : Interview du Pr Éric Boulanger, spécialiste de la biologie du vieillissement au CHU de Lille, directeur médical de « Tempoforme parcours bien vieillir en Hauts-de-France », et membre de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), le 29 novembre 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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