VIH : comment vivent les patients en France ?
02 juillet 2013
© Phovoir
Les résultats de l’enquête ANRS VESPA 2, publiée ce 2 juillet dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), permettent de mieux comprendre la réalité sociale, économique et médicale des personnes séropositives au VIH, en France. Premier enseignement, la proportion de patients sous traitement s’inscrit à la hausse : 93,3% en 2011 contre 83,2% en 2003.
L’enquête ANRS VESPA 2 a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de patients séropositifs suivis à l’hôpital. Au total, 3 620 personnes de métropole, mais également de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, et de la Réunion ont participé à ce travail. Lequel a été mené par des chercheurs de l’INSERM (Unités 912, SESSTIM, Marseille et 1018, CESP, Villejuif).
Parmi les patients nouvellement « diagnostiquées » depuis 2003, près de 37% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, 39,7% des immigrés d’Afrique subsaharienne, 2,4% des usagers de drogues et 21,5% d’autres hommes et femmes hétérosexuels. En ce qui concerne le dépistage tardif de l’infection, il est marqué aussi bien dans les DOM (55,3%) qu’en métropole (48,6%). « Ces chiffres soulignent la nécessité de continuer à promouvoir le dépistage pour limiter le nombre de personnes séropositives ignorant leur statut », indique Patrick Yeni, Président du Conseil national du SIDA, dans l’éditorial du BEH.
Une situation sociale difficile
Les recommandations successives en faveur d’un traitement plus précoce se traduisent par une forte augmentation de la proportion de patients sous traitement entre 2003 et 2011. Cette dernière est ainsi passée de 83,2% à 93,3%. Enfin si les co-infections par les virus des hépatites B et C sont en baisse, les prescriptions d’antihypertenseurs et de traitements contre l’excès de cholestérol sont fréquentes : 17% environ. « La population séropositive suivie à l’hôpital a vieilli entre 2003 et 2011 », souligne dans un communiqué l’Agence nationale de Recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS). L’âge médian en métropole atteint 49 ans, contre 41 ans en 2003. « Les comorbidités pèsent maintenant fortement sur l’état de santé des patients ». Par ailleurs, 13% des patients rapportent un état dépressif majeur dans l’année et 24% une hospitalisation.
Sur le plan des comportements sexuels, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) utilisent davantage le préservatif qu’en 2003. Toutefois, pour les couples stables, y compris sérodiscordants, la protection systématique lors de la pénétration est moins fréquente qu’avec les partenaires occasionnels. Par ailleurs, la situation sociale de ces patients n’a guère évolué depuis la précédente enquête de 2003. Avec 58,5% de personnes qui travaillent et 13% en recherche d’emploi, la population séropositive est marquée par un niveau d’activité très inférieur à celui de la population générale.
Aller plus loin : Lire l’intégralité du BEH consacré aux résultats de l’enquête ANRS VESPA 2.
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot