VIH et cancer : l’efficacité de l’immunothérapie
20 août 2019
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Chez les patients séropositifs atteints d’un cancer, l’immunothérapie serait efficace et bien tolérée. Une bonne nouvelle publiée par des chercheurs français.
Les patients atteints du virus du Sida présentent un sur-risque de cancer. Pour autant, au sujet des traitements, les données existantes sur l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie restaient jusqu’ici insuffisantes.
Des médecins de l’AP-HP* ont donc formé une cohorte de « personnes vivant avec le VIH et atteintes de cancer traitées par immunothérapie dans le cadre de soins courants ». Elle rassemblait 23 patients séropositifs. Parmi eux, 21 patients souffraient d’un cancer des poumons non à petites cellules, 1 d’un mélanome métastatique et 1 d’un cancer de la tête et du cou.
Tous ont bénéficié d’une immunothérapie** dans la prise en charge de leur cancer entre mai 2014 et janvier 2019, sous autorisation de mise sur le marché ou d’un traitement compassionnel. Cette dernière démarche permet de délivrer des médicaments prometteurs auprès de patients qui ne peuvent intégrés des essais cliniques. Et c’est le cas des malades du Sida souvent exclus de ces essais du fait d’un important risque d’effets indésirables (pneumopathie, éruption cutanée, colite…) liés à l’immunothérapie et d’augmentation de la charge virale.
Place à l’immunothérapie
Au total, « 21 patients ont été traités par l’anticorps monoclonal nivolumab anti-PD-1 et deux patients par l’anticorps monoclonal anti-PD-1 pembrolizumab ». Avant la prescription de cette immunothérapie, tous étaient déjà sous antirétroviral.
La mesure des lymphocytes CD4 a permis de mesurer l’effet potentiel de l’immunothérapie, sachant qu’une baisse de ces CD4 indiquerait une progression du virus du Sida. Mais « les données rapportées (…) ne montraient pas de changement significatif. Le recueil des effets indésirables montre également une bonne tolérance clinique et biologique, sans décès toxique, avec seulement deux effets indésirables de grade 3 dont un directement imputable à l’anti-PD1 ».
En suivant l’évolution du cancer par radiographie, les médecins ont pu confirmer un degré d’efficacité équivalent à ceux de la population générale.
Et après ?
« Ces résultats ouvrent une perspective de traitement pour les patients atteints d’un cancer avancé. » En effet, « ces données de vie réelle semblent montrer que l’utilisation de l’immunothérapie est envisageable en sécurité chez les personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer. » Mais ces observations doivent maintenant être confirmées par des essais cliniques.
A noter : à ce jour, deux projets sont en cours dans ce domaine : la cohorte ANRS CO24 ONCOVIHAC et l’essai de phase II IFCT-CHIVA2.
* Une équipe des services d’oncologie médicale et des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, dirigée par le Pr Jean-Philippe Spano en collaboration avec une équipe de l’AP-HM et d’Aix-Marseille Université
**par un inhibiteur du point de contrôle immunitaire
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Source : Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), le 8 août 2019
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Vincent Roche