VIH, l’inquiétante réapparition d’une souche rare

25 novembre 2011

Une souche très rare de VIH, jusqu’alors cantonnée au territoire camerounais et qui semblait disparue, circule à nouveau. Plus inquiétant encore, elle sévirait hors du Cameroun – le seul pays où elle ait été isolée jusqu’alors. Le Pr François Simon (Hôpital Saint-Louis, Paris) rapporte en effet dans le Lancet, avoir isolé la souche N du VIH chez un Français de 57 ans, infecté au Togo et pris en charge à Paris. Si ce patient a été infecté au Togo, cela prouve que cette souche virale a franchi plusieurs frontières depuis le Cameroun.

Rappelons qu’il existe deux types de virus de l’immunodéficience humaine, le VIH-1 (qui est le plus commun) et le VIH-2. Le premier est lui-même réparti en trois groupes : la souche M qui est à l’origine de la pandémie mondiale, et deux autres souches très rares, O et N. Plus récemment, en 2009, un quatrième groupe – la souche P– a été identifié par une équipe française chez une patiente originaire du Cameroun.

Agé de 57 ans, le malade qui fait l’objet du rapport publié par le Pr Simon a été admis en janvier 2011 à l’hôpital Saint-Louis de Paris, à son retour du Togo. Les médecins ont pu établir qu’il avait été infecté dans ce pays à l’occasion d’un rapport sexuel, et ont pu établir qu’il était porteur de la souche N. Or nous a expliqué François Simon au cours d’un entretien, « nous pensions qu’elle avait disparu. Nous l’avions observé il y a 15 ans au Cameroun, où elle avait été à l’origine de 10 cas. C’est une souche sauvage extrêmement différente des souches classiques. Elle est très proche de celle que nous retrouvons chez les animaux, et en particulier chez les chimpanzés. »

Des scientifiques aux aguets

L’identification d’un nouveau cas imputable à la souche N du VIH-1 constitue un fait majeur. « Cela illustre totalement ce qu’il s’est déroulé au début des années 80 avec le VIH. La souche reste silencieuse pendant des années, puis nous observons un nouveau cas ».

Autre fait révélateur : la virulence des manifestations cliniques. « Le patient a présenté des symptômes sévères. Certes nous observons également ce type de manifestations avec d’autres souches (du virus). Toutefois, cela nous met quand même en alerte ».

La bonne nouvelle apparemment, se situerait sur le front des traitements. Les médicaments actuellement disponibles auraient montré une très bonne efficacité. « Un suivi immunologique et virologique à long terme est nécessaire », explique le François Simon. Il tient néanmoins à souligner l’absolue nécessité « d’observer tous les variants du VIH, et d’être aux aguets pour bien repérer ce genre de situation ».

  • Source : The Lancet, 24 novembre 2011 – Interview du Pr François Simon, 25 novembre 2011

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