VIH : la lipodystrophie moins fréquente en Afrique ?
09 avril 2010
La lipodystrophie qui se définit comme un trouble morphologique des tissus graisseux – et peut donc à ce titre recouvrir même la « cellulite », prend une dimension majeure lorsqu’elle est associée à l’infection à VIH. Fréquente chez ces patients, elle a pour 87% d’entre eux « un impact négatif » selon le site « d’informations, de débats, d’échanges au service de la lutte contre le SIDA » www.vih.org
D’origine mal connue, ces troubles sembleraient aussi, moins fréquents chez les patients africains. De l’apparence à la réalité toutefois, il y a un pas. Car les connaissances ont là aussi grand besoin de progresser…
« On connaît mal la lipodystrophie et notamment ses causes. Différents facteurs interviennent dans son apparition : la maladie à VIH elle-même – un taux de CD4 bas semble favoriser la lipodystrophie- les effets des traitements… » (les antirétroviraux à haute efficacité sont en effet souvent liés au développement de lipodystrophies parfois spectaculaires, n.d.l.r.) mais aussi semble-t-il, la race blanche. Pour Alexandra Calmy (Hôpital universitaire de Genève, Suisse), les inconnues sont plus nombreuses en la matière, que les certitudes !
Ces dernières toutefois sont bien réelles, et préoccupantes. Car le retentissement de la lipodystrophie va bien au-delà de son impact psychologique ou esthétique. Si 77% se voient proposer un recours à la chirurgie esthétique, les voies explorées pour remédier au trouble sont multiples : changements dans les protocoles antirétroviraux (55% des cas), suivi psychologique (54%) ou diététique (53%) traitement endocrinologique (68%)… Il n’en reste pas moins que la lipodystrophie, particulièrement lorsqu’elle entraîne une obésité abdominale, est une cause importante de mortalité cardiovasculaire.
Rare, la lipodystrophie ? Certainement pas. Au Canada par exemple, les autorités reconnaissent qu’elle est susceptible d’atteindre « environ 50% des personnes vivant avec le VIH au cours des 3 premières années de traitement. (Et) il est impossible de prédire qui sera affecté avant de commencer le traitement ». A Genève, le service de dermatologie de l’hôpital universitaire a d’ailleurs ouvert un centre de soins ambulatoire qui lui est dédié…
Mais pourquoi, alors qu’elle paraît si fréquente au nord, la lipodystrophie est-elle minoritaire dans les pays du sud ? Au Sénégal, 31% des malades « seulement » présentent une lipodystrophie modérée ou sévère. Ils ne sont même pas plus de 30% au Bénin, même si les troubles du cholestérol paraissent y affecter 35% des patients. Et une cohorte rwandaise ne fait pas ressortir plus de 34% de lipodystrophiques. Ces différences avec les pays du nord laissent ample matière à recherche. Elles plaident néanmoins pour une prise en compte réelle du risque, et pour une prise en charge clinique globale… et précoce. Pour en savoir plus sur la lipodystrophie, cliquez ici
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Source : de notre envoyée spéciale à la 5ème Conférence francophone VIH/SIDA, Casablanca, 28-31 mars 2010 ; La lipodystrophie : informations pour les personnes vivant avec le VIH, ministère de la Santé et des Services sociaux, Province du Québec, Canada.