











Nécessité fait loi : le dernier rapport de l’ONUSIDA montre clairement que la pandémie est loin d’être contrôlée. Dans les pays défavorisés, le nombre de malades augmente plus vite que celui des patients traités. Dans les autres pays comme la France, des cas de plus en plus nombreux sont dépistés au stade clinique de la maladie SIDA…
Directeur général de l’Agence nationale de Recherche contre le SIDA (ANRS), Jean-François Delfraissy rappelle « que pour chaque patient placé sous antirétroviraux, il survient 2,6 nouvelles contaminations dans la même minute. Au total, 2,8 millions de cas supplémentaires, chaque année dans le monde. »
Les efforts de prévention doivent être relancés -depuis quand n’avez pas vu de « spot » consacré au SIDA sur vos écrans de télé ?- et les groupes à risque doivent être mieux ciblés. Au cours de la 5ème Conférence de l’International AIDS Society (IAS) au Cap en Afrique du Sud, la mise en garde était générale.
Lutter contre la banalisation du VIH…
« Même s’ils ont montré leurs limites, les messages de sensibilisation doivent être poursuivis » insiste Jean-François Delfraissy. “La circoncision réduit le risque de 50% à 60% mais il faut continuer de la recommander. Quant aux pays du Nord l’épidémie continue, particulièrement chez les jeunes homosexuels. Ce qui est nouveau, c’est que l’on peut en parler. » Le Pr Jean-Michel Molina -CHU Saint-Louis, Paris- souligne que « dans les milieux gays on connaît les séropositifs. Ils vont bien et du coup, on considère que ‘ce n’est pas si grave…’ Or grâce au ciblage des programmes auprès des toxicomanes, nous n’avons plus de nouveaux cas parmi ces derniers. Mais nous avons ce problème avec la communauté gay, et avec certains groupes de migrants.
Jean-François Delfraissy rappelle qu’aujourd’hui, « il y a consensus en Europe pour estimer la prévalence du VIH (dans cette population) entre 7% et 8%. Il est donc essentiel de créer de nouvelles conditions de dépistage. » C’est le sens des expériences -dépistage systématique voire traitements préventifs – lancées en direction de groupes de population spécifiques : jeunes homos, milieu de la prostitution…
La responsabilité dans les comportements doit aussi être réhabilitée. Tout comportement à risque doit naturellement inciter à un dépistage de précaution. Mais la recherche du VIH devrait aussi faire partie des bilans biologiques. Au moins une fois dans son existence, plus si nécessaire. Le Pr Molina évalue ainsi à plus de 30 000 en France, le nombre de séropositifs qui s’ignorent. Il déplore aussi, que pratiquement 30% des malades soient diagnostiqués à l’hôpital, au stade clinique du SIDA…
Ce que confirme le Pr François Raffi. Dans son service au CHU de Nantes, il reçoit « 1 à 2 nouveaux patients chaque semaine. Mes deux derniers malades ont 55 ans. Ils sont mariés, et sont venus me consulter au stade de SIDA clinique. Pour en être là aujourd’hui, ils ont dû être contaminés il y a 8 à 15 ans… »
Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009 ; interviews du Pr Jean-François Delfraissy et du Pr Jean-Michel Molina le 19 juillet 2009, et du Pr François Raffi le 22 juillet 2009.
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