VIH : la solidarité, mais pas sans la vigilance…
04 décembre 2003
Déni, stigmatisation, rejet… ces « plaies » apportées par le VIH sont le fait de chacun de nous, individuellement. Et nous sommes tous responsables aussi, de la baisse de vigilance qui fait flamber à nouveau la pandémie !
Le forum organisé lundi 1er décembre à l’UNESCO, pour la journée mondiale contre le SIDA aurait pu tourner à la « grand-messe ». Tous les ingrédients étaient réunis : hommes politiques, « figures » du show-biz caritatif ou associatif, têtes d’affiches médiatiques… Mais finalement, la réalité s’est imposée et les vraies questions sont venues sur le devant de la scène.
Et pour une fois c’est le public dans son ensemble qui a été interpellé, au lieu des habituelles têtes de turc. Comment expliquer qu’en France « plus de 50% des personnes en 2003 découvrent leur séropositivité à l’occasion du diagnostic de la maladie SIDA (Dr François Chieze, AP-Hôpitaux de Paris) » ? C’est tout simple : Le diagnostic de séropositivité signifie très souvent l’exclusion de la communauté. Voire du milieu familial. D’où le refus de regarder la maladie ou le risque en face. Par crainte… de devoir se soigner au vu et au su des autres.
Mais il y a encore plus grave que cet aveuglement de l’individu face au danger qu’il court, c’est son ignorance des risques qu’il prend… et qu’il impose à d’autres. Comme l’a souligné le Pr Jean-François Delfraissy, du service des Maladies infectieuses et tropicales du CHU Bichat à Paris, « depuis l’introduction des trithérapies en 1996 le VIH est devenu une maladie chronique sous traitement. » Le désespoir n’est plus là comme dans les années 80. C’est une grande chose. Mais ces « malades chroniques sous traitement » ne doivent pas oublier que « pendant le traitement la maladie continue de se transmettre. »
Alors oui, le VIH continue de se diffuser dans le monde. Et oui, il est scandaleux qu’il fasse encore des victimes par millions. Et enfin il est certainement indispensable que la mobilisation s’élargisse. Mais pas seulement aux laboratoires pharmaceutiques, aux hommes politiques ou aux grandes compagnies et corporations. Elle doit s’étendre aussi aux individus. Et pas seulement dans les mots. Dans leurs gestes quotidiens également.