VIH : les traitements de plus en plus affûtés

21 juillet 2003

A la seconde réunion de l’International AIDS Society » (IAS) organisée à Paris la semaine dernière, le maître mot était sans conteste l’innovation. Car les traitements progressent. Dans plusieurs directions à la fois.

D’abord dans le domaine de la tolérance. L’étude présentée par le Nantais François Raffi (CHU – Hôtel-dieu), en coopération avec des collègues parisiens mais aussi en Argentine, au Chili et aux Etats-Unis, a montré la possibilité d’améliorer la réponse immunitaire tout en obtenant une meilleure tolérance du traitement. A partir d’un groupe de 571 patients, ces auteurs avaient comparé deux protocoles de traitement dont l’un comportait un tout nouvel anti rétroviral à prise unique : celui-ci, l’Emtricitabine, appartient au type – qui compte déjà une dizaine de médicaments différents – des inhibiteurs de la transcriptase inverse.

Autre progrès important, les médicaments proposés semblent agir toujours plus haut dans la chaîne de la maladie. C’est le cas de l’Enfuvirtide, proposé sous le nom de Fuzeon par le géant pharmaceutique suisse Roche. Cette nouvelle substance inaugure en effet une toute nouvelle classe de médicaments anti-VIH, les inhibiteurs de fusion. Il s’agit en l’occurrence d’empêcher le virus du VIH de pénétrer les cellules du malade. Le traitement doit être pris en association avec d’autres anti rétroviraux – il ne suffit donc pas à lui-même – et il présente l’inconvénient d’être obligatoirement administré sous forme injectable. Ce qui réduit sa maniabilité et impose une éducation supplémentaire du patient. En revanche, il semble imposer de moindres contraintes au patient, qui n’a plus besoin par exemple d’adapter son comportement alimentaire au traitement.

Ce ne sont là que deux exemples. Les paillasses sont pleines de produits en développement, voire de candidats vaccin. Ils ne sont pas pour demain mais peut-être pour après-demain. Dans les laboratoires, la recherche est permanente. Des laboratoires toujours privés d’ailleurs, puisque jusqu’à présent aucun traitement parmi la petite trentaine disponible n’est sorti d’un institut public… Alors c’est vrai, les solutions lorsqu’elles existent apparaissent à la fois très imparfaites – aucune n’élimine définitivement le virus – et très coûteuses. Mais la recherche doit trouver son financement quelque part. Alors puisque les Etats riches s’avèrent incapables de financer une recherche fructueuse, il paraît légitime qu’ils financent… les fruits de la recherche des autres et les mettent à disposition des pays les plus pauvres.

  • Source : 2ème conférence de l’IAS sur le VIH, Paris, 13-16 juillet 2003

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