VIH : sa capacité d’adaptation freine l’arrivée du vaccin
30 juillet 2013
Cellule infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) examinée au microscope électronique à balayage. ©Inserm/Philippe Roingeard
Une équipe INSERM confirme que le VIH s’est adapté à la réponse immunitaire de la population humaine au cours de l’épidémie. Il est ainsi devenu de moins en moins sensible aux anticorps neutralisants élaborés par l’organisme des patients séropositifs. Voilà pourquoi la mise au point d’un vaccin préventif est si complexe. Malgré cette mauvaise nouvelle, les chercheurs ont identifié une association prometteuse de deux puissants anticorps neutralisants mis au point par des sociétés de biotechnologie.
Des travaux, dirigés par Martine Braibant et Francis Barin (Unité mixte INSERM-Université de Tours), confirment qu’au cours de l’épidémie, le VIH-1 s’est adapté à la réponse immunitaire de l’Homme. Pour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les virus issus de prélèvements de patients infectés de la fin des années 1980 aux années 2010. « S’il était connu qu’à l’échelle individuelle, le virus savait s’adapter et contourner les propres moyens de défense de l’individu, nos travaux montrent qu’il en est également capable à l’échelle de la population », explique Martine Braibant.
Des perspectives positives ?
Au cours du même travail, ils ont identifié une association de deux anticorps monoclonaux neutralisants développés par deux entreprises de biotechnologie américaine : le Caltech et le Scripps Research Institute. Celle-ci serait capable de neutraliser in vitro les variants du VIH les plus récents, et ce, à une concentration compatible avec son utilisation chez l’homme. Cette étude souligne la nécessité d’une surveillance de l’évolution de la sensibilité des variants du VIH-1 aux différents anticorps neutralisants. Ces travaux ouvrent des perspectives intéressantes pour les équipes engagées dans la recherche d’un vaccin. Même si le chemin semble encore semé d’embûches.
Selon l’INSERM, « les concepts actuels de vaccination antivirale reposent sur le fait que certains anticorps dits neutralisants, inhibent les étapes précoces de l’infection. Ainsi bloqué, le virus ne peut pas se répliquer et sera éliminé ». Si les scientifiques ont bien identifié la réponse immunitaire à induire pour s’attaquer au VIH, ils n’ont pas encore réussi à ce que ce type d’anticorps soit produit par l’organisme du patient séropositif. Et ceci par le biais d’une vaccination classique.
Afin de contourner cette difficulté, Martine Braibant nous a expliqué qu’aujourd’hui la piste envisagée « consistait à insérer les gènes des anticorps neutralisants dans un vecteur d’expression inoculé au sujet à vacciner. L’objectif est de permettre la production de l’anticorps à partir du vecteur dans le muscle du receveur. Cette approche a été tentée avec succès dans plusieurs modèles animaux et des essais cliniques (Phase I) sont envisagés dans un avenir proche chez des volontaires à haut risque ».
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon