VIH-SIDA, la prévention par antirétroviral: une idée qui fait son chemin
11 mai 2012
Aux Etats-Unis, un groupe d’experts de la Food and Drug Administration (FDA) recommande la mise sur la marché d’un traitement préventif contre le VIH-SIDA. Il s’agit de l’antirétroviral Truvada®, des laboratoires Gilead. Celui-ci pourrait donc être proposé à titre préventif aux couples homosexuels mais aussi aux couples sérodivergents, dont l’un des partenaires est porteur du VIH. La décision de la FDA est attendue le 15 juin prochain.
L’utilisation préventive de traitements antirétroviraux n’est pas un concept récent. Appelée « prophylaxie pré-exposition » ou encore Prep, elle est largement utilisée depuis 1994 pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant lors de la grossesse et de l’accouchement.
Ce 10 mai, le groupe d’experts s’est prononcé en faveur de la mise sur le marché du Truvada® en prophylaxie pré-exposition (19 voix pour, 2 voix contre et une abstention). Cette annonce intervient un an jour pour jour après la publication d’une étude de grande ampleur – HPTN 052 – conduite par les Instituts nationaux de la santé (NIH) des Etats-Unis. Et cela auprès de plus de 1 700 couples. Tous étaient originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et des Etats-Unis. Ses résultats avaient alors montré que « si la personne séropositive du couple adhère à la posologie du traitement antirétroviral, le risque de transmission du virus à son partenaire sexuel non infecté peut être réduit de 96 % » !
Le préservatif toujours
Le Truvada® est un médicament bien connu. Il s’agit en fait, d’une association fixe de deux médicaments antirétroviraux (ARV) : ténofovir et emtricitabine. Il a été approuvé en 2004 par la FDA dans la prise en charge de l’infection à VIH. La FDA doit se prononcer le 15 juin prochain sur l’indication en prophylaxie pré-exposition de ce médicament qui devrait alors être administré chaque jour.
La possibilité de son utilisation préventive ne concerne pour l’heure, que les Etats-Unis. De ce côté-ci de l’Atlantique, l’Agence européenne du Médicament (EMA) et l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) ne se sont pas encore prononcées sur une telle indication. A noter qu’un essai – IPERGAY – est actuellement conduit en France sur ce sujet. Réalisé auprès de 300 personnes, il vise à évaluer l’efficacité d’un traitement antirétroviral, associé à une stratégie globale et renforcée de prévention. En clair, les hommes recrutés sont répartis en deux groupes. Les uns reçoivent du Truvada®, les autres un placebo. Ils peuvent y recourir « à la demande » pendant la période d’activité sexuelle. Lancé en janvier dernier, l’essai doit se poursuivre durant 4 ans.
Cette annonce du groupe d’experts américains ne signifie pas pour autant qu’il faille délaisser le préservatif. Bien au contraire. Ce dernier protège en effet à 100% contre l’infection à VIH, mais aussi contre toutes les autres infections sexuellement transmissibles (IST).
“Pas un outil de prévention universel” pour le CNS
De son côté, le Conseil national du SIDA (CNS) insiste sur le fait que “la prophylaxie pré-exposition n’est pas un outil de prévention universel à destination de la population générale. Son intérêt préventif concerne les personnes les plus fortement exposées au risque d’acquisition du VIH. Elle devra s’inscrire dans une approche globale qui combine la promotion des différents moyens de prévention, le dépistage et les différents usages des traitements.”
Aux yeux de ses responsables, cette stratégie “élargit la palette des outils disponibles et souligne la nécessité de promouvoir la prévention combinée, permettant une réponse ajustée aux situations et aux besoins des personnes.“
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Source : GILEAD, 11 mai 2012 – The Washington Post, 11 mai 2012 – ANRS, site consulté le 11 mai 2012 - CNS, 11 mai 2012