VIH/SIDA : vers un traitement de prévention ?
22 juillet 2010
Un gel vaginal contenant 1% de Tenofovir – un antirétroviral inhibiteur de la transcriptase inverse-, réduirait de 39% le risque de contamination par le virus du VIH/SIDA chez la femme. C’est le résultat (très attendu) d’une importante étude présentée à la XVIIIe Conférence internationale contre le SIDA, à Vienne (Autriche). Si elle suscite de grands espoirs quant à l’évolution des moyens de prévention, l’étude CAPRISA n’en présente pas moins des limites… et appelle encore davantage d’études.
« Le gel microbicide contenant un antirétroviral ne réduit pas à néant le risque de contamination », rappelle le Pr Jean-Michel Molina, infectiologue et chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint Louis, à Paris. Toutefois, il s’agit sans conteste d’une première étape, prometteuse dans la mise au point de méthodes préventives combinées à un antirétroviral. L’étude a été menée en 2009 en Afrique du Sud, par le Centre for the AIDS Programme of Research in South Africa (CAPRISA). Elle a porté sur 889 femmes à fort risque de contamination. Le gel devait être appliqué environ 12 heures avant le rapport sexuel, puis peu après, ces conditions étant considérées essentielles à son efficacité. Alors que ces femmes avaient été réparties en deux groupes égaux, 38 seulement ont contracté l’infection parmi celles qui avaient utilisé ce gel. Dans le groupe placebo, 60 au contraire ont été infectées par le VIH.
Cette découverte est un véritable espoir dans la lutte contre une épidémie qui touche particulièrement les femmes. Selon l’ONUSIDA, celles-ci représentent 59% de tous les adultes infectés en Afrique subsaharienne. De plus « c’est la première fois que l’on développe un outil de prévention que les femmes maîtrisent à 100% », se réjouit Yves Souteyrand, coordonnateur de l’unité Information stratégique du Département VIH/SIDA de l’OMS. Un gel vaginal virucide pour commencer, puis peut-être à l’avenir, un gel rectal ou la prise de comprimés à titre préventif, juste avant un rapport à risque. Grâce à l’étude CAPRISA, ces options paraissent aujourd’hui réalistes. Les essais menés actuellement portent sur la prise quotidienne d’antirétroviraux à visée préventive, et les premiers résultats sont attendus pour 2011.
La publication de CAPRISA est assurément, une bonne nouvelle. Particulièrement pour les couples sérodivergents, c’est-à-dire dont un seul partenaire est séropositif. « La qualité de vie de ces couples pourrait redevenir comparable à celle des autres couples », se réjouit prudemment Fabrice Bilorge du TRT5, un groupe interassociatif rassemblant 8 associations de lutte contre le VIH/SIDA « Mais ce n’est pas pour tout de suite… ». De son côté, l’association AIDES se montre plus mesurée et se dit « déçue » par les résultats de CAPRISA. Elle précise toutefois que « le gel fonctionne également sur l’herpès avec 51% de réduction du risque. C’est (donc) une double bonne nouvelle, car la présence d’herpès augmente le risque de transmission et d’acquisition du VIH ».
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Source : FHI, CONRAD, USAID, TIA, science and technology, University of Kwazulu-Natal, CAPRISA, 20 juillet 2010 ; de notre envoyée speciale à la XVIIIe conférence internationale de l’IAS à Vienne; interview du Pr Jean-Michel Molina, 21 juillet 2010; interview Fabrice Bilorge, 21 juillet 2010 ; AIDES, 21 juillet 2010, Science, 20 juillet 2010.