VIH : un suivi au plus près des patients africains
13 septembre 2013
Une mesure de la charge virale chez un enfant séropositif.©GIP ESTHER
Mesurer la charge virale du VIH chez les patients et dépister les nourrissons infectés dans les zones rurales africaines : tel est le double objectif du programme OPP-ERA financé par UNITAID et un consortium de quatre partenaires français. Lancement de l’opération ce vendredi en Côte d’Ivoire. Entretien avec le Dr Denis Broun, Directeur exécutif d’UNITAID.
Un programme innovant de tests de mesure de la charge virale du VIH et de dépistage chez le nourrisson est lancé aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Le projet s’inscrit également dans une phase pilote dans trois autres pays : Burundi, Cameroun et Guinée. « L’objectif est d’améliorer le suivi des patients sous antirétroviraux dans les zones rurales », nous a expliqué le Dr Denis Broun. « Ce suivi passe par la mesure de la charge virale. Actuellement, les machines qui permettent de réaliser les tests exigent des infrastructures lourdes, des techniciens formés, une alimentation électrique permanente et de l’air conditionné. Autant d’éléments qu’il est difficile de rassembler dans les zones rurales. C’est pour cela que nous avons décidé de soutenir financièrement l’arrivée de nouvelles machines plus simples d’utilisation. Elles peuvent donc être déployées dans les zones reculées ».
L’indispensable mesure de la charge virale. Autre avantage, les tests réalisés reviennent à 5-6 euros, soit bien moins cher qu’en laboratoire. « Nous pouvons opérer là où nous voulons et le patient obtient son résultat immédiatement au lieu d’attendre 3 semaines ».
Les tests de charge virale constituent un outil essentiel pour déterminer si le patient suit correctement son traitement. Mais aussi pour savoir à quel moment, il sera nécessaire de passer à des médicaments de deuxième ligne. « La mesure de la charge virale permet de préciser le nombre de copies du virus. C’est le meilleur indicateur pour évaluer la pertinence d’un traitement », précise le Dr Broun.
Dépister les nourrissons
L’autre versant du programme consistera à dépister le VIH chez le nourrisson. « C’est très important car beaucoup d’enfants sont dépistés tardivement ou ne le sont pas du tout. Dans certaines zones, la mortalité est très forte, car ils sont encore nombreux à ne pas être traités ». En 2011, le VIH/SIDA a été à l’origine de 230 000 décès chez les moins de deux ans. « Autant de morts qui auraient pu être évitées grâce à un dépistage efficace ».
Rappelons qu’UNITAID est une initiative de santé mondiale lancée en 2006 par les gouvernements du Brésil, du Chili, de la France, de la Norvège et du Royaume-Uni. Son objectif est de fournir des financements durables en faveur de la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose. Environ 70% des fonds proviennent d’une taxe prélevée sur les billets d’avion. Aujourd’hui, 28 pays soutiennent UNITAID ainsi que la Bill and Melinda Gates Foundation. Enfin le projet OPP-ERA a été mis en œuvre par GIP-ESTHER (Ensemble pour une Solidarité thérapeutique en réseau) l’Agence nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS), SIDACTION et Solidarité thérapeutique & initiatives contre le SIDA (SOLTHIS), coordonné par France Expertise Internationale (FEI).
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot