VIH/SIDA à Cuba : une souche virulente… mais localisée

19 février 2015

Une souche du VIH/SIDA particulièrement virulente a été identifiée sur l’île de Cuba et dans certains pays d’Afrique. Une information publiée le 28 janvier par des chercheurs cubains et belges. Pour le Pr Christine Rouzioux, chef du service virologie de l’Hôpital Necker (Paris), si des patients sont bel et bien porteurs de cette souche, l’échantillon est trop restreint et les imprécisions nombreuses pour en tirer des conclusions définitives. Explications. 

Cette souche mutante du VIH combine à elle seule le matériel biologique de 3 souches. Ainsi, « elle évoluerait bien plus rapidement vers le stade SIDA », ont décrit les chercheurs de l’Institut de Médecine Tropicale Pedro Kouri (La Havane, Cuba) et de l’Université catholique de Louvain (Belgique), auteurs de cette étude récemment publiée dans la revue EBioMedicine.

En fait, chez les personnes infectées par cette souche, “seules 3 années s’écouleraient avant les premières manifestations du SIDA, contre 6 à 10 ans pour les autres souches », ont confirmé les chercheurs. Le risque est donc que le virus ne gagne du terrain avant même qu’un diagnostic ne soit posé. La prise en charge serait alors retardée.

Des données préliminaires ?

Pour le Pr Christine Rouzioux,  l’écho médiatique autour de cette étude n’est pas justifié. « Il n’y a aucune raison d’alerter sur des données relativement fragiles. « Il faut savoir qu’il n’y a pas ou très peu de ces souches ailleurs. Ces virus sont en effet localisés quasi uniquement à Cuba et ont peu de risque de s’étendre rapidement. Le risque très élevé de propagation est incertain ».

« Il s’agit là de données préliminaires », ajoute le Pr Rouzioux. Seuls 95 patients ont été inclus dans l’étude. « Parmi eux, 9 cas ont été déclarés positif à cette nouvelle souche CRF-19, c’est peu pour tirer des conclusions ». Par ailleurs, sur les 95 malades, 52 ont été diagnostiqués à un stade très avancé, « cette très forte prévalence est plus élevée qu’attendu ». Autre point relevé, la rétrospectivité de cette étude. « Les premières observations datent de 2007, les résultats ne sont publiés qu’aujourd’hui. En 9 ans, il y a de forts risques que des patients ne soient plus intégrés dans l’étude et que des informations manquent », conclut le Pr Rouzioux. Cependant, la recherche de virus plus « agressif » reste intéressante et doit se poursuivre.

  • Source : Interview du Pr Christine Rouzioux, Professeur de virologie à l’Hôpital Necker (Paris), le 17 février 2014.

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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