VIH/SIDA, la circoncision, ça marche vraiment
04 septembre 2013
Des membres de la communauté d’Orange Farm (Afrique du sud) participent à une séance d’information sur la circoncision. ©Bertran Auvert
Circoncire pour réduire le risque de transmission du VIH/SIDA n’est pas une nouveauté. Mais les résultats définitifs d’une étude, partiellement présentés lors du congrès de l’International Aids Society (IAS) en 2011, confirment l’efficacité de cet outil de prévention. Mené dans un bidonville d’Afrique du Sud, ce travail montre ainsi l’intérêt des campagnes de circoncision dans les communautés où cette pratique est loin d’être la norme.
Conduite entre 2007 et 2011 dans le bidonville d’Orange Farm (Afrique du Sud), une circoncision gratuite et médicalisée a été proposée à tous les hommes volontaires âgés de 15 à 49 ans. Plus de 20 000 interventions ont ainsi pu être réalisées, accompagnées d’un large programme d’information et de prévention.
Parmi les hommes de la communauté, circoncis ou non, un échantillon de 3 338 a par ailleurs été recruté. Interrogés par questionnaire anonyme sur leurs pratiques sexuelles, ils ont aussi été invités à réaliser un dépistage du VIH. Résultat, la proportion d’hommes circoncis est passée, dans cet échantillon, de 12% au départ de l’étude, à 53%. Elle a même atteint 58% chez ceux âgés de 15 à 29 ans. « Ces résultats montrent le succès des campagnes dans des pays où cette pratique n’est pourtant pas la norme sociale », souligne le Pr Bertran Auvert (UMRS-1018 Inserm), principal auteur de l’étude.
Une baisse importante de la prévalence et de l’incidence
Les résultats de ce travail plaident donc en faveur de l’implantation de davantage de programmes de circoncisions volontaires. En particulier en Afrique sub-saharienne, où vit la grande majorité des 2,2 millions de personnes contaminées chaque année par le VIH dans le monde.
« L’effet protecteur de la circoncision sur le risque d’être infecté par le VIH chez l’homme avait, lui, déjà été démontré (par plusieurs études n.d.l.r.) », rappelle l’Agence nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS). Toutefois, les résultats définitifs de ce travail confirment encore davantage l’intérêt et l’efficacité de cette opération simple et peu onéreuse sur la prévalence (proportion de personnes infectées) et l’incidence (taux de nouvelles contaminations) du VIH/SIDA.
Ainsi, « en l’absence du programme de circoncision volontaire, la prévalence du VIH aurait été de 19% plus élevée au sein de la population étudiée », estiment les auteurs. « Cet effet est davantage marqué chez les hommes les plus jeunes avec une prévalence qui aurait été 28% plus élevée parmi ceux âgés de 15 à 29 ans. » En outre, une diminution du nombre de contaminations récentes parmi les hommes circoncis a été observée. « La circoncision est ainsi associée à une réduction de 57% à 61% du taux de nouvelles infections. »
L’étude se poursuit pour connaître l’effet de la circoncision sur la réduction du risque d’infection dans la population générale, et en particulier dans la population féminine.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet