VIH/SIDA : la France, une bonne élève ?

01 décembre 2014

sidaDepuis 2009, l’espérance de vie des patients séropositifs s’est nettement améliorée grâce au développement des antirétroviraux et du dépistage précoce. Malgré ces progrès, la propagation du virus se poursuit. « Avec 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations chaque année, l’épidémie par le VIH/SIDA est toujours active en France », ont ainsi révélé les rédacteurs de la dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Publiées quelques jours avant la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, organisée ce 1er décembre, les conclusions du BEH rappellent l’amélioration des progrès thérapeutiques et du dépistage rapide en France. Progrès grâce auxquels les patients ont une espérance de vie prolongée. Marisol Touraine, ministre en charge de la Santé a d’ailleurs annoncé ce 1er décembre vouloir « renforcer davantage la prévention et systématiser l’usage du préservatif ». Dans cette optique, « les autotests pour dépister le VIH à domicile seront disponibles en pharmacie au 1er juillet 2015. »

stat-vih-France

 

 

Reste que « les comportements de prévention sont loin d’être optimaux », notent les auteurs. « Si le taux de mortalité par VIH/SIDA recule en France, les nouveaux cas de séropositivité augmentent d’année en année », soulignent-ils. Ainsi 11 000 tests positifs ont-ils été répertoriés en 2013, soit une augmentation de 7% par rapport à 2011.

Bilan en demi-teinte

Comportements à risque, déni de la maladie, méconnaissance des modes de contamination, les personnes infectées sont toujours de plus en plus nombreuses à ignorer leur séropositivité. Or si le diagnostic est tardif, le retard de prise en charge qui en découle réduit considérablement l’espérance de vie. Ainsi « environ 30% des Français découvrant leur maladie sont déjà au stade SIDA ou à un niveau immunitaire faible, traduisant un délai de plusieurs années après leur contamination », décrivent les auteurs du BEH. Dès ce seuil franchi, le virus progresse très rapidement dans l’organisme. Sa propagation s’accélère d’autant plus vite que les traitements sont, à ce stade, bien moins efficaces face à la forte charge virale.

Le VIH dans la France d’Outre-mer : les exemples antillais et guyanais

L’évolution du nombre de sérologies positives est contrastée entre les régions. En Île-de-France et dans les DOM, elle s’inscrit dans une tendance globale à la diminution entre 2004 et 2011. Ailleurs en Métropole en revanche, la tendance est à la hausse.

La publication de l’étude « Connaissances, attitudes, croyances et comportements (KABP) face au VIH/SIDA et à d’autres risques sexuels aux Antilles et en Guyane » est l’occasion de s’interroger: où en est-on aujourd’hui dans la lutte contre le VIH/SIDA? Quelles ont été les évolutions en 7 ans ? Que reste-t-il à faire ?

Avant tout, parmi les risques les plus redoutés, 60% des Guadeloupéens et des Guyanais, et 61% des Martiniquais ont déclaré craindre « beaucoup » le VIH/SIDA (contre 13 % des métropolitains). Une appréhension qui devance ainsi celle du cancer (56 %) ou de la dengue (36 %). Des croyances (erronées) persistent, notamment la possibilité d’une transmission du VIH par une piqûre de moustique. Par ailleurs, des doutes sur l’efficacité du préservatif se sont renforcés.

Même si elle recule, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure élevée. A titre d’exemple, seuls 76% des sondés indiquent qu’ils accepteraient de travailler avec une personne séropositive.

A l’issue de ce travail, cinq axes de travail ont été identifiés par l’Agence nationale de Recherches sur le SIDA et les Hépatites virales (ANRS) qui a soutenu ce travail:

  • Dépister et traiter précocement pour enrayer l’épidémie : le recours au dépistage a significativement augmenté entre 2004 et 2011 mais le retard au diagnostic reste important ;
  • Faire évoluer la représentation du VIH pour lutter contre la stigmatisation des séropositifs ;
  • Inscrire le VIH/SIDA dans une approche globale de santé sexuelle : l’éducation à la sexualité doit permettre à la fois de répondre à des questions de santé publique mais aussi de lutter contre les comportements homophobes et promouvoir l’égalité hommes/femmes ;
  • Développer des actions spécifiques en direction des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes) : les résultats apportés par l’enquête plaident pour le développement d’actions spécifiques en direction de cette population.

 

  • Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) 32-33 - Institut de Veille Sanitaire (InVS), 25 novembre 2014 - ANRS, 1er décembre 2014

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Vincent Roche - Edité par : Dominique Salomon

Aller à la barre d’outils