VIH/SIDA : une partie de cache-cache avec le système immunitaire
12 janvier 2015
Le virus du SIDA se cache dans les cellules qu’il infecte. ©CDC/Dr. Edwin P. Ewing, Jr
Etre séropositif au VIH signifie que le patient sera porteur du virus toute sa vie. En effet, aucun traitement n’est aujourd’hui capable de l’éliminer totalement de l’organisme. Une équipe de la Johns Hopkins University School of Medicine (Baltimore) a peut-être toutefois découvert la raison des échecs thérapeutiques. Le virus se camouflerait génétiquement pour échapper au système immunitaire. Explications.
« Le virus du SIDA possède la capacité de se camoufler en altérant sa structure génétique », explique Robert Siliciano, principal auteur de l’étude. « Ainsi, lorsqu’un traitement l’oblige à se montrer (hors de la cellule), le système immunitaire ne le reconnaît pas. » Voilà donc la raison de l’échec de tous les traitements développés jusque-là.
« Nos recherches nous ont montré que faire sortir le virus hors de sa cachette ne représente que la moitié du travail », poursuit-il. Pour parvenir à le détruire, il faut trouver le moyen de le rendre visible. Tout d’abord, les scientifiques ont entraîné in vitro des « cellules tueuses T du système immunitaire » à repérer et détruire les cellules infectées. Ensuite, ayant observé que tout virus conservait une portion non altérée – même s’il avait déjà effectué sa mutation génétique nécessaire à son camouflage dans la cellule -, les chercheurs ont testé les cellules tueuses sur celles de patients séropositifs.
Réveiller l’instinct de tueur du système immunitaire
En laboratoire, ils ont exposé les cellules immunitaires tueuses à deux types de cellules infectées :
- D’un côté, un ensemble de cellules dont les virus avaient tous muté dans le but de se camoufler ;
- De l’autre, un mélange de ces mêmes cellules avec d’autres dont le virus n’avait pas encore eu le temps de s’altérer.
Après quelques jours, la réponse immunitaire contre le mélange de cellules était forte, détruisant 61% des cellules infectées. Par comparaison, seulement 23% de celles de l’autre groupe ont été exterminées.
« C’est comme si le système immunitaire avait récupéré son instinct de tueur », souligne Siliciano. « En étant entraînées à repérer les petites portions non mutées du virus, les cellules immunitaires tueuses sont à nouveau capables de les détruire entièrement. » Ces résultats montrent que « tout traitement curatif destiné à éradiquer l’infection à VIH nécessitera de dresser ces cellules immunitaires tueuses à reconnaître les bouts de virus non encore mutées », concluent les auteurs.
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Source : Johns Hopkins Medicine, 7 janvier 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet