VIH/SIDA : la prise en charge des homosexuels en Afrique, une priorité
22 juillet 2016
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Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) représentent une population clé de l’infection par le VIH, notamment dans les pays d’Afrique. Problème, l’homosexualité y suscite bien souvent un fort rejet social. Selon des chercheurs de l’ANRS, il apparait nécessaire de mettre en place de nouvelles stratégies de prévention pour cette population à risque.
Du fait de l’exclusion dont les homosexuels souffrent en Afrique, les données les concernant les restent limitées. Lors de la 21e Conférence internationale sur le SIDA, qui se tient depuis le 18 juillet à Durban (Afrique du Sud), des chercheurs de l’Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS) ont présenté les premières données de l’étude de cohorte ANRS CohMSM. Laquelle apporte des éléments sur l’incidence de l’infection par le VIH chez les HSH de quatre pays d’Afrique de l’Ouest : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali et Sénégal.
Dans ce travail, 386 HSH séronégatifs ont été recrutés. Les participants, qui avaient eu au moins une relation sexuelle avec un autre homme dans les trois mois précédant l’étude, se sont vus proposer un suivi de six mois. Ce dernier incluait un rendez-vous trimestriel, pendant lequel était effectué un dépistage du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Le tout accompagné de conseils de prévention et d’une mise à disposition de préservatifs.
Une demande des HSH
En cas d’infection par le VIH, les volontaires pouvaient bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée incluant le traitement antirétroviral.
Au cours de cette période de suivi, huit participants ont été infectés par le VIH (soit un taux d’incidence annuelle de 4,8%). « En considérant l’incidence du VIH observée dans cette étude, les HSH de ces pays d’Afrique se révèlent éligibles à la PrEP, en accord avec les critères de l’OMS », estiment les auteurs. Depuis 2015, l’OMS recommande, en effet, de donner accès au traitement préventif pré-exposition incluant l’antirétroviral tenofovir disoproxil fumarate, aux populations présentant une incidence annuelle d’infection de 3%.
Autre résultat marquant: 82% des participants se sont rendus au premier rendez-vous. Et 69% sont revenus pour la deuxième visite. Pour Christian Laurent, principal auteur de ce travail« cela confirme qu’il y a une demande de la part de ces hommes, d’avoir accès à un suivi adapté et au dépistage. C’est la preuve qu’ils sont tout à fait conscients d’être confrontés à un risque plus élevé de contamination ».