Violences à l’adolescence : les réseaux sociaux comme des cocottes-minute ?
22 juin 2011
La mort d’une jeune fille de 13 ans sous les coups d’un collégien de 14 ans à Florensac (Hérault), a jeté l’effroi dans toute la France. Comment un adolescent peut-il en arriver à de telles extrêmités? « L’enquête judiciaire le dira, au même titre que les expertises psychiatriques qui seront réalisées », nous ont répondu de nombreux psychiatres, légitimement prudents sur l’analyse « à chaud » d’un tel fait divers. Un fait divers en arrière-plan duquel on évoque une vengeance, mûrie sur les réseaux sociaux…
Le virtuel favorise-t-il le passage à l’acte ? Président de l’Observatoire international de la Violence à l’école, le Pr Eric Debarbieu se défend bien de se livrer à une quelconque analyse du drame héraultais. « C’est un cas très, très particulier, qui est en cours d’instruction », insiste-t-il.
En revanche, « ce que nous pouvons dire, c’est que si les réseaux sociaux ne créent pas la violence, ils peuvent l’amplifier. Au même titre d’ailleurs que l’impact des jeux vidéo, susceptibles d’engendrer une sorte d’accoutumance à la violence, voire une radicalisation ».
Avec Internet, le harceleur va jouir d’un sentiment d’impunité. Celui-ci est lié notamment à l’anonymat, mais aussi à l’effet de nombre. Bien souvent en effet, les jeunes sont intégrés à des groupes. « En revanche » poursuit le Pr Debarbieu, « l’écho va être catastrophique pour la victime harcelée. Car Internet agira comme une énorme caisse de résonnance ».
Harcèlement 24h /24
A écouter le Pr Debarbieu, Internet a également débordé les frontières entre l’école et la maison. « Actuellement, tous les adolescents ont un téléphone portable avec accès aux SMS et, pour un grand nombre d’entre eux, à Internet. Auparavant, le harcèlement s’arrêtait à la maison. Désormais, c’est en permanence, avec des jeunes victimes qui peuvent encore recevoir des rafales de SMS ou de ‘posts’ quasiment 24 heures sur 24 ». Autant de situations destructrices, propices aux « pétages de plombs »…
Et les parents dans tout cela ? « Il est impossible et inutile d’interdire l’accès aux réseaux sociaux et autres SMS », ajoute Eric Debarbieu. « Il faut toutefois être attentif. Est-il normal que 25% des moins de 13 ans aient un profil sur Facebook alors que c’est interdit ? Non, bien sûr ». Sans compter que l’absentéisme scolaire doit bien sûr mettre sur la piste d’un harcèlement. Au même titre qu’un repli sur soi. “En revanche, j’imagine qu’absolument aucun signe ne peut laisser présager aux parents que leur enfant puisse être amené à commettre l’irréparable »…