Vitamine D et risques cardiaques : la grande incertitude
22 novembre 2010
Existe-t-il une relation entre un déficit en vitamine D et le risque de maladies cardiovasculaires ? La question fait toujours débat et les études donnent des résultats étonnamment divergents.
Deux certitudes paraissent devoir s’imposer au sortir de la dernière réunion de l’American Heart Association à Chicago : d’une part, le taux sérique en vitamine D intervient dans le fonctionnement de plusieurs systèmes d’organes, et pas seulement dans le squelette ou le système nerveux central (SNC) ; d’autre part… des études complémentaires et de qualité sont nécessaires pour étayer des conclusions solides. Et cela d’autant plus que le déficit en vitamine D est extrêmement répandu, particulièrement chez les adultes et les seniors.
Des résultats disparates…
Ce n’est pas nouveau, mais il n’est pas inutile de le rappeler : notre cœur aussi a besoin de vitamine D. Erin Michos (Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore) et Matthew Good (Hôpital de l’Université du Kansas, Kansas City) sont d’accord sur un point : une déficience en vitamine D peut être liée directement à une augmentation des risques cardiovasculaires. Travaillant l’un et l’autre sur des cohortes importantes – près de 8 000 sujets pour le premier et de 11 000 pour le second – ils divergent sur l’étendue des risques. Mais pas seulement…
Erin Michos par exemple, estime que le déficit en vitamine D est lié à une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), et uniquement cela. Et encore, seulement dans la population blanche. Les Afro-américains, chez qui ce déficit est largement prévalent, ont également un taux de mortalité par AVC plus élevé que leurs concitoyens de race caucasienne. En revanche affirme Michos, les deux caractères ne sont pas liés…
… qui appellent à une étude approfondie
Quant à l’équipe de Mathew Good, elle est parvenue à la conclusion que « le déficit en vitamine D est un facteur de risque significatif, qui expose à plusieurs types de troubles cardio-vasculaires : hypertension, diabète, syndrome métabolique, maladie coronarienne et insuffisance cardiaque ». Excusez du peu… Ils estiment également, qu’un programme de supplémentation en vitamine D peut améliorer substantiellement la situation voire la survie des populations concernées…
Résultats plus nuancés pour Charles B. Eaton, de la Brown University de Pawtucket, dans l’état de Rhode Island (entre New York et Boston). Avec ses co-auteurs, il a mené un travail auprès de 1 829 femmes ménopausées qui ont bénéficié d’un suivi cardio-vasculaire pendant plus de 10 ans. Ils ont bien noté une corrélation entre statut vitaminique et risque cardio-vasculaire, mais ce dernier s’est atténué après correction des autres facteurs de risque. Leur conclusion a été – sans grande surprise – que la circonférence abdominale était un facteur de risque cardio-vasculaire très largement prédominant.
A l’université de l’état de Virginie occidentale enfin, Charumathi Sabanayagam et ses collaborateurs ont établi une relation positive entre la persistance d’un déficit en vitamine D et le risque d’hypertension artérielle chez l’adulte. A partir d’une cohorte de 9 215 personnes, ils ont conclu que cette relation était indépendante de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique, de la consommation d’alcool et/ou de tabac, de l’indice de masse corporelle, de la sédentarité comme d’un grand nombre de marqueurs de risque. Selon eux, « des études d’intervention randomisées doivent être organisées, pour déterminer l’intérêt éventuel d’une supplémentation (alimentaire ou médicamenteuse) pour prévenir l’apparition d’une hypertension artérielle… ».