Vous regardez trop de séries ? Ce n’est pas (entièrement) de votre faute

10 décembre 2021

Allez, encore un épisode… Il n’est pas rare, lorsque l’on est abonné à une plateforme de vidéos à la demande, de tomber dans le piège du « binge watching » et d’enchaîner les épisodes de séries. Des chercheurs polonais se sont intéressés aux facteurs qui peuvent expliquer ce comportement excessif.

25 millions d’abonnés supplémentaires à travers le monde en seulement six mois. L’année 2020 et ses périodes de confinement ont fait les affaires de Netflix, la plus célèbre des plateformes de vidéo à la demande. Mais aussi de Prime Video, de Disney +, d’OCS… Bref, de toutes les entreprises proposant ce genre de service à un public d’autant plus captif qu’il était privé de sorties.

Mais les personnes susceptibles de se lancer dans des marathons de visionnage de séries ont-elles des caractéristiques communes ? Le « binge watching » est-il « psychologiquement programmé » ? C’est ce qu’ont voulu déterminer des chercheurs en sciences humaines des universités de Varsovie et Cracovie (Pologne), dont l’étude a été publiée dans la revue Frontiers in Psychiatry. De septembre 2020 à janvier 2021, plus de 600 jeunes polonais âgés de 18 ans à 30 ans ont répondu à un questionnaire sur leur consommation de séries TV.

Parmi les critères d’inclusion dans l’étude : le fait d’avoir déjà regardé au moins deux épisodes de série à la suite et l’absence de diagnostic de trouble de santé mentale. Le contrôle de l’impulsivité, la régulation émotionnelle et le type de motivation ont été retenus pour évaluer le risque de tomber dans un « binge watching ».

Jusqu’à 20 épisodes consécutifs

Résultats : « un manque de préméditation de ses actions, des difficultés de contrôle des impulsions, une envie d’évasion et l’utilisation du « binge watching » pour faire face à la solitude ont tous des valeurs prédictives significatives » de « binge watching », concluent les chercheurs. Qui précisent que les éléments relevant de la motivation semblent être des facteurs prédictifs plus forts que les prédispositions personnelles.

Par ailleurs, si la plupart des participants ont déclaré regarder entre deux et cinq épisodes par session de « binge watching », une proportion non négligeable (20%) a déclaré enchaîner six à vingt épisodes en une seule fois. Pour Jolanta Starosta, auteure principale et doctorante à l’Institut de psychologie appliquée de l’Université Jagiellonian de Cracovie, ces gros consommateurs « s’engagent dans un marathon de séries télévisées principalement parce qu’ils veulent échapper aux problèmes de la vie quotidienne et réguler leurs émotions, mais décident de continuer à regarder d’autres épisodes pour des raisons plus divertissantes ». 

Si des études ont déjà montré une association entre « binge watching » intense et troubles anxieux et/ou dépressifs, où se situe la frontière entre « binge watching » sain et nocif ? Entre pratique récréative et addictive ? Ce travail, qui en appelle d’autres, ne le précise pas. Mais si vous vous sentez concerné et ne parvenez pas à décider en moins de cinq secondes si oui ou non vous allez regarder cet épisode qui se lance tout seul, sachez qu’il est possible de désactiver le passage automatique à l’épisode suivant sur la plupart des plateformes.

  • Source : Frontiers in Psychiatry

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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