Vous souffrez d’un diabète ? Surveillez votre cœur !
11 janvier 2022
En France, 5% de la population est concernée par le diabète de type 2. Et la majorité n’a pas conscience des conséquences à moyen ou long terme de cette maladie. Sans une prise en charge efficace, la maladie peut retentir sur le système cardiovasculaire. Les explications du Pr Patrice Darmon, diabétologue et endocrinologue au CHU de Marseille à l’hôpital de la Conception.
« Le diabète de type 2 correspond à plus de 90% de l’ensemble des diabètes », explique le Pr Darmon. « Si de plus en plus de jeunes adultes en sont atteints, il concerne principalement les plus de 40 ans, en situation de surpoids et d’obésité, sédentaires, présentant le plus souvent des antécédents familiaux de diabète. C’est une maladie en constante progression. »
Dans la plupart des cas, le diabète de type 2 se développe insidieusement pendant de nombreuses années et l’hyperglycémie est généralement découverte sur une simple prise de sang. Problème, à plus ou moins long terme, la maladie peut entraîner des complications, notamment au niveau cardiovasculaire. Comment l’expliquer ? « D’une part on retrouve chez les patients un cumul de facteurs de risque cardiovasculaire : âge avancé, surpoids/obésité, hypertension artérielle, hyperlipidémie, sédentarité… D’autre part l’exposition chronique à l’hyperglycémie en cas de diabète déséquilibré contribue à altérer les vaisseaux et les artères. »
Quels risques et comment les prévenir ?
En moyenne, les patients présentant un diabète de type 2 ont un risque de maladie cardiovasculaire multiplié par deux par rapport aux personnes non diabétiques. Selon le Pr Darmon, à terme « les artères coronaires peuvent être atteintes avec un risque accru d’infarctus du myocarde ainsi que les artères à visée cérébrale, avec ici un risque accru d’accident vasculaire cérébral. N’oublions pas les artères des jambes et le risque d’artérite à l’origine de troubles de la marche et de la cicatrisation. ». La plupart des patients présentant un diabète de type 2 ont un risque cardiovasculaire élevé ou très élevé. « Il est donc crucial de mettre en place des mesures pour contrôler l’ensemble des facteurs de risque : contrôle optimal de la glycémie, de la tension artérielle, du taux de LDL-cholestérol, instauration d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique régulière, arrêt du tabac… ». Certains traitements antidiabétiques ont également démontré un bénéfice propre sur la protection cardiovasculaire.
Le rôle central du cardiologue
Dans ces conditions on comprend mieux pourquoi le rôle « du cardiologue est central dans la prise en charge du diabète de type 2 », précise le Pr Darmon. « Même lorsqu’il n’y a aucun signe d’alarme comme une douleur dans la poitrine, il est crucial de surveiller son cœur et ses vaisseaux par des bilans cardiologiques. Nous avons donc besoin de faire régulièrement des examens de dépistage : électrocardiogramme, échographie cardiaque, dopplers, échographie ou scintigraphie d’effort…
Mieux prendre en charge le risque cardiovasculaire des patients
Une étude internationale nommée CAPTURE s’est justement intéressée aux liens entre diabète de type 2 et maladies cardiovasculaires. « Cette étude a permis de confirmer ce qui était jusqu’alors estimé en France : environ 1/3 des personnes vivant avec un diabète de type 2 présente une maladie cardiovasculaire. Par ailleurs, ces données mettent en évidence que ces patients ne bénéficient pas toujours d’une prise en charge optimale de leur risque cardiovasculaire, 1 patient sur 5 recevant un traitement antidiabétique ayant démontré un bénéfice cardiovasculaire. Même si l’incidence des complications cardiovasculaires a diminué ces dernières années grâce à l’amélioration de la prise en charge, il reste encore une marge de progression importante. »
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Source : Darmon P, et al. CAPTURE : une étude transversale sur la prévalence des maladies cardiovasculaires chez les adultes présentant un diabète de type 2 en 2019 dans 13 pays sur cinq continents – résultats en France. Med Mal Metab (2021), 10.1016/j.mmm.2021.12.009 - O. Mosenzon et al. Cardiovasc Diabetol 2021;20:154
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche