Zika et Guillain-Barré : le lien se confirme
01 mars 2016
Jarun Ontakrai/shutterstock.com
Selon des chercheurs français, le virus Zika serait bien à l’origine du syndrome de Guillain-Barré. Cette grave maladie neurologique entraînant des paralysies des membres associées à des troubles respiratoires. Dans les semaines à venir, une hausse des cas liée à la vague épidémique de Zika est attendue.
Isolé pour la première fois en 1947, le virus Zika donne de la matière à la recherche. Ce 1er mars, des scientifiques français* ont en effet révélé l’implication du virus dans l’augmentation des cas de syndrome Guillain-Barré. Un phénomène répertorié ces derniers mois en Amérique Latine et dans les Caraïbes, territoires atteints par l’épidémie.
Lors de la première épidémie en 2007, le virus Zika était à l’origine de légers symptômes (fièvre, éruption cutanée, conjonctivite…). Aucun cas de Guillain-Barré n’avait été rapporté. Mais depuis le virus a fait du chemin sur l’échelle de la gravité. Lors de la deuxième épidémie de Zika, survenue en 2013-2014 en Polynésie Française, deux tiers de la population contaminée par Zika a contracté ce syndrome. Mais jamais le lien de causalité n’avait été confirmé.
Pour aller plus loin, les scientifiques ont analysé les échantillons sanguins de 42 victimes du syndrome de Guillain-Barré lors de cette seconde épidémie Zika. Tous ont été pris en charge au Centre hospitalier de Polynésie française (Papeete). Pour chacun d’entre eux, le virus Zika a été confirmé comme origine de ce syndrome. « Chez la plupart des patients, les symptômes sont survenus 6 jours après l’infection », révèlent les chercheurs dans The Lancet.
De nouveaux cas à venir
« En 2015, l’incidence du syndrome de Guillain-Barré au Brésil était 20 fois supérieure à la normale (…). A ce jour, le risque de développer un syndrome de Guillain-Barré est estimé à 2,4 pour 1 000 infections par le virus Zika », confirment les scientifiques. « Les régions touchées par l’épidémie doivent s’attendre à une augmentation importante du nombre de patients atteints de ce trouble neurologique grave, et anticiper leur accueil en réanimation lorsqu’il est possible de le faire », explique le Pr Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Epidémiologies des maladies émergentes (Institut Pasteur/Cnam).
Que sait-on du syndrome Guillain-Barré ?
Caractérisé par une atteinte du système immunitaire et des nerfs périphériques, ce syndrome se traduit en premier lieu par des picotements et des fourmillements dans les mains et dans les pieds. Cette sensation liée à la diminution de la transmission nerveuse remonte ensuite dans les jambes, parfois jusqu’aux muscles respiratoires, au cou et à la tête.
Principaux risques, des difficultés à déglutir, une paralysie progressive des yeux et des muscles du visage ainsi que des troubles de la respiration (20% à 30% des cas) lorsque les nerfs du diaphragme sont atteints. Dans le temps, cette atteinte du système nerveux entraîne d’autres complications : une accélération ou un ralentissement du rythme cardiaque, une irrégularité de la tension artérielle (pics et chutes anormaux) et – plus rarement – des troubles du transit digestif (constipation).
A noter : chez 85% des patients, ces symptômes disparaissent 6 à 12 mois après l’infection. Des séquelles sont rapportées chez un patient sur dix, lorsque les fibres nerveuses sont endommagées de façon irréversible. Rarement, le décès (5% des cas) peut survenir suite à un arrêt cardiaque ou à des complications (infection, caillots, sanguins…), notamment chez les patients âgés et/ou longuement hospitalisés en réanimation.
*Institut Pasteur, Cnam, Institut Louis Malardé, Centre Hospitalier de Polynésie Française et l’AP-HP.