Zona : le réveil douloureux et tardif de la varicelle

11 juin 2014

Chaque année en France, environ 300 000 patients déclarent un zona, une maladie virale douloureuse et  potentiellement grave, notamment lorsqu’elle frappe la région oculaire. Elle résulte en fait de la réactivation d’un virus déjà présent dans l’organisme : celui de la varicelle. Ce réveil témoigne généralement d’une diminution des défenses immunitaires. C’est pourquoi les personnes de plus de 50 ans sont les plus exposées, compte tenu d’un affaiblissement de ces défenses liées à l’âge. Explications.

Un Français sur quatre développera un zona au cours de sa vie. Mais l’incidence augmente fortement après 50 ans : la moitié des patients concernés a plus de 60 ans. « L’âge est le premier facteur de risque », nous explique le Pr Marc Bonnefoy, chef du service de gériatrie du Centre hospitalier Lyon Sud. Il met en avant le déclin progressif des réponses immunitaires, ce que les spécialistes appellent l’immunosénescence. « C’est un élément explicatif majeur car il affecte l’immunité cellulaire (lymphocytes T) qui protège contre le développement intracellulaire de micro-organismes, dont les virus. La présence de plusieurs pathologies chroniques aurait aussi une influence ».

Risque de dépendance

Le Pr Bonnefoy insiste également sur les particularités du zona de la personne âgée : « Douleurs, risque de dépendance ou d’aggravation d’une affection préexistante : c’est un évènement potentiellement grave chez le sujet âgé de par ses conséquences. Il entraine un retentissement sur le statut fonctionnel augmentant le risque de dépendance ».  L’âge entraîne en effet un risque accru de douleurs ou névralgies dites post-zostériennes. Celles-ci peuvent persister plus de 3 mois chez 10% à 15 % des patients atteints de zona et chez 30% des patients âgés de 70 ans et plus. Ces douleurs vont avoir un impact important sur la qualité de vie des patients.

Un coup de couteau…

Pharmacologue au CHU de Clermont-Ferrand et enseignant-chercheur à l’INSERM, le Dr Gisèle Pickering décrit parfaitement ces douleurs très spécifiques. « Elles sont distinctes de celles de la phase aiguë de la maladie.  Chez un certain nombre de patients, les douleurs vont persister et changer de caractère. Le malade rapporte une sensation d’étau, de décharge électrique, de lancement. Il va avoir une douleur de fond permanente et tout à coup, des paroxysmes de douleur, comme un coup de couteau. C’est toujours imprévisible et usant. Et surtout cela peut durer des années ! D’une manière générale, plus l’intensité du zona aura été importante en phase aiguë, plus les douleurs post-zostériennes risquent de s’éterniser ».

Quant à la prise en charge thérapeutique, elle repose notamment sur la prescription d’antidouleurs, parfois puissants. Et les antiviraux ? « Ils permettent de réduire la sévérité de l’éruption et de limiter la douleur aiguë », conclut le Pr Bonnefoy. « Le niveau de preuve apparait toutefois insuffisant quant à la réduction de l’incidence des névralgies post-zostériennes ». A la moindre question, adressez-vous à votre médecin.

  • Source : Interview du Dr Gisèle Pickering, 26 mai 2014 – Interview du Pr Marc Bonnefoy, 27 mai 2014 - Symposium Sanofi Pasteur MSD Regards croisés sur la prévention et la prise en charge du zona et de ses conséquences, Congrès CIFGG, Liège, 2014 - Assurance-maladie, 19 mai 2010

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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