Zoom sur le parcours transfusionnel

24 mai 2022

Myélodysplasies, thalassémies, drépanocytose… Ces maladies sont à l’origine d’anémie sévère, autrement dit une diminution anormale du taux d’hémoglobine dans le sang. Seul recours pour les patients, des transfusions sanguines régulières, qui impactent considérablement leur qualité de vie. Explications à travers l’exemple des syndromes myélodysplasiques.

Syndromes myélodysplasiques : de quoi parle-t-on ?

« Les syndromes myélodysplasiques (SMD) sont des anomalies qualitatives des cellules souches du sang situées au niveau de la moelle osseuse, à l’origine d’une production insuffisante de cellules sanguines matures saines », explique le Pr Emmanuel Gyan du service Hématologie et Thérapie Cellulaire, au CHRU de Tours. « A terme, les patients vont présenter des anémies plus ou moins sévères. Lesquelles retentissent fortement sur leur qualité de vie à cause notamment d’une fatigue excessive, d’un essoufflement à l’effort et de palpitations fréquentes. » 

Déterminer l’origine de l’anémie

Pour poser le bon diagnostic, « il est essentiel d’identifier précisément la cause de l’anémie. Cette dernière peut en effet résulter d’une carence en fer liée à une insuffisance rénale, cardiaque ou encore à la grossesse. Si aucune cause n’est trouvée, on va explorer la moelle osseuse par ponction pour voir si les cellules sanguines présentent des anomalies de forme afin de poser le diagnostic : leucémie, myélome ou SMD. »

Quelle prise en charge ?

Une fois le SMD diagnostiqué, la prise en charge visera à corriger les déficits en cellules sanguines, et donc à faire remonter le taux d’hémoglobine. « L’objectif c’est de traiter l’anémie. Nous allons ainsi proposer aux patients souffrant d’un SMD un protocole thérapeutique basé sur la transfusion sanguine afin de maintenir leur taux d’hémoglobine au plus près des 10 g/dL », précise le Pr Gyan. « Ce parcours transfusionnel va nécessiter selon l’état du patient une transfusion tous les deux mois voire une fois par mois. »

Des transfusions sanguines encadrées

Concrètement le patient devra se rendre en hôpital de jour. « Il sera accueilli par des aides-soignantes chargées de prendre ses constantes. Puis une infirmière va vérifier sa carte de groupe sanguin pour ensuite transmettre la demande à l’Etablissement Français du Sang (EFS) qui délivrera les poches à transfuser. Lesquelles auront été au préalable prescrites par le médecin ou l’interne. Il est important de préciser que de nombreux contrôles de compatibilité sanguine et de concordance d’identité sont réalisés en amont. Juste avant la transfusion, l’infirmière va s’acquitter d’un test de compatibilité en piquant le patient au bout du doigt. »

Une demi-journée à l’hôpital

Place ensuite à la transfusion en elle-même. « L’infirmière reste 15 minutes avec le patient pour s’assurer que tout va bien, puis passe toutes les 30 minutes. Nous surveillons en effet de manière attentive son état clinique pour être en mesure de prendre les devants en cas d’incident transfusionnel. » En termes de temps, « pour une poche d’environ 300 ml, il faut compter à peu près une heure et demie et bien souvent, nous enchaînons avec une seconde poche. Enfin dès que les doses prescrites ont été délivrées, le patient reste sous surveillance 30 minutes avant de rentrer chez lui. Au total, il doit prévoir une demi-journée pour cette prise en charge. »

Bientôt des alternatives ?

Certes cette prise en charge pèse sur la qualité de vie des patients. Cependant selon le Pr Gyan, « cette qualité de vie est proportionnelle à leur taux d’hémoglobine. La lourdeur de l’aller-retour à l’hôpital et de la transfusion est à mettre en perspective avec les conséquences de l’anémie. Les patients sont conscients que la transfusion leur permet de retrouver une vie normale. Bien entendu, je reste convaincu qu’améliorer le parcours transfusionnel du patient, c’est trouver des alternatives à la transfusion qui soient durables et qui améliore la qualité de vie par l’augmentation du taux d’hémoglobine. »

  • Source : Interview du Pr Emmanuel Gyan, avril 2022

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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