Antibio-résistance : la faute aux élevages industriels
08 juillet 2013
L’usage intensif des antibiotiques augmente les résistances des bactéries. ©Phovoir
Des chercheurs américains ont découvert, dans le nez d’agriculteurs de Caroline du Nord, des bactéries résistantes aux antibiotiques. Une menace réelle puisque les infections qu’elles provoquent sont difficiles à traiter. Mais tous les travailleurs agricoles ne sont pas concernés. Seuls ceux attachés à une exploitation industrielle en sont porteurs.
La législation américaine ne limite pas l’emploi des antibiotiques dans l’élevage comme le fait l’Union européenne (UE). Cette dernière interdit notamment depuis 2006 leur usage pour stimuler la croissance des animaux. O, c’est bien ce que pratiquent les exploitations agricoles de type industriel aux Etats-Unis, d’après les résultats d’une étude menée par des chercheurs de la Johns Hopkins University Bloomberg School of Public Health (Baltimore).
Des staphylocoques dorés antibio-résistants ont été prélevés chez les travailleurs de ces fermes à haut rendement. Dans ces dernières, le bétail est élevé dans des enclos confinés. A l’inverse, ces bactéries étaient absentes du nez des employés de fermes bio, dont les animaux étaient élevés dans les pâturages, sans antibiotiques.
Les auteurs se disent inquiets quant à l’utilisation de ces molécules sur le bétail. Selon eux, « les bactéries résistantes pourraient à terme se retrouver dans les hôpitaux et donc la population générale ». Les staphylocoques dorés peuvent être à l’origine d’infections plus au moins graves. Certaines mettant la vie des malades en danger. Souvent traitées par antibiotiques, les bactéries résistantes sont par définition plus difficiles à évincer puisqu’elles leur résistent.
La France hors de danger ?
Si l’UE a bien interdit l’utilisation des antibiotiques pour stimuler la croissance du bétail il y a 6 ans, certaines exploitations françaises continuent de les administrer en trop grande quantité. Et ce sans surveillance vétérinaire. Pour preuve, selon l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), en 2009, le volume total des ventes d’antibiotiques vétérinaires s’élevait à 1 067 tonnes. Plus de 92% avaient été vendus à des élevages d’animaux entrant dans les filières viande, lait et œufs. Et le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques avait augmenté de 12,6% entre 1999 et 2009.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet