Bronzage en cabine : les marchands de soleil draguent les sportifs

25 juin 2013

Les sportifs sont-ils utilisés par les marchands de soleil?

« Une dangereuse imposture ». L’Académie de médecine s’insurge face aux stratégies des professionnels du bronzage en cabine qui utilisent l’image positive du sport pour promouvoir leurs activités. Comme pour le tabac et l’alcool, elle « demande l’interdiction de toute publicité pour une pratique (…) dangereuse pour la santé ». Et pour cause, le bronzage en cabine est reconnu comme cancérogène.

Les marchands de soleil sont-ils en train de s’infiltrer progressivement dans le monde du sport pour attirer les jeunes ? Pour l’Académie de médecine, la réponse prend la forme d’un grand « oui ». Elle compare même cette stratégie à celle du « lobby du tabac à une certaine époque ». L’objectif étant « de se donner à peu de frais une image positive de jeunesse, de performance et d’apparente bonne santé ».

La « bonne mine » des nageurs marseillais. L’Académie cite à l’appui de cette affirmation, deux exemples particulièrement probants qui illustrent cette « infiltration ». Le premier concerne des athlètes du Cercle des Nageurs de Marseille : des champions olympiques français comme Camille Lacourt, Laure Manaudou et Florent Manaudou. Il y a quelques mois, les représentants des nageurs ont  noué un partenariat avec une chaîne d’instituts spécialisés dans le bronzage en cabines. Cette dernière  sur son site Internet, se montre « très fière d’être le partenaire officiel de la bonne mine affichée des nageurs marseillais ».

Capt-Poin-Soleil-NageursLes nageurs y sont en outre présentés comme les « nouveaux ambassadeurs » de la marque. Ils se seraient également engagés « à spécifier leur attachement à l’enseigne sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, blogs, etc.) ».

Des cabines à Manchester United. Le second exemple cité par l’Académie de médecine concerne l’une des équipes de football les plus célèbres au monde : Manchester United. Pour compenser le manque de soleil dans le Nord de l’Angleterre, les joueurs bénéficieraient de 3 séances hebdomadaires de bronzage en cabine. Les bancs en question étant installés dans leur vestiaire.

« Promouvoir, notamment auprès des jeunes les plus influençables, en l’associant à l’image de la santé, du sport, du bien-être, une pratique classée comme notoirement cancérigène (…) est une dangereuse imposture », déplorent les Académiciens.

Inconscients des risques encourus ? Jean-François Salaissy dirige Pimitento Agency,  qui représente les nageurs marseillais et a noué avec l’enseigne de bronzage en cabine, le partenariat dénoncé par l’Académie nationale de médecine.

Contacté par l’agence de Presse Destination Santé, il explique ne pas « être qualifié pour parler de cela. » Même s’il admet « qu’il ne faut pas recourir avec excès aux cabines de bronzage », il reconnaît que cette pratique « existe depuis longtemps en natation, notamment l’hiver. C’est quand même mieux pour l’image du sportif d’arriver bronzé aux compétitions… » Sans compter qu’en interne, « nous ne délivrons pas de messages spécifiques sur ce genre de  pratique ». Et les dangers qui y sont associés. En résumé, il ne voit pas le problème…

Voilà qui ne devrait pas contribuer à rassurer les Académiciens, pas plus que la communauté médicale dans son ensemble. Rappelons en effet un chiffre : selon le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), « l’augmentation du risque de cancers cutanés est de l’ordre de 75% pour les moins de 30 ans ayant recours aux UV artificiels au moins une fois dans leur vie »…

Ecrit par : David Picot – Edité par : Vincent Roche

  • Source : Académie de médecine, 25 juin 2013 - Académie de médecine, 29 mai 2013, Interview Jean-François Salaissy, 25 juin 2013

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