Santé mentale : les Français sont les plus dépressifs d’Europe
10 janvier 2025
En 2019, environ 6 % des Européens présentaient un syndrome dépressif, avec de fortes variations selon les régions et les tranches d'âge. Les plus touchés se trouvent en Europe de l'Ouest et du Nord, notamment en France, où la prévalence atteint 11 % – la plus forte du continent – et en Suède, avec 10 %. À l'inverse, les pays d'Europe du Sud et de l'Est affichent les taux les plus faibles.
La France serait-elle championne de la dépression ? Dans une étude européenne publiée par la Dress (Direction de la Recherche, de l’Évaluation, des Études et des Statistiques) le 9 janvier 2025, à laquelle la France participait aux côtés de 29 pays d’Europe, environ 6 % des Européens souffraient d’un syndrome dépressif en 2019, avec d’importantes disparités entre les pays et les groupes d’âge (European Health Interview Survey sur 300 000 personnes dont plus de 14 000 en France).
En Europe de l’Ouest et du Nord, la prévalence de la dépression est particulièrement élevée, atteignant 11 % en France, soit le taux le plus élevé du continent, tandis qu’elle est nettement plus faible dans le Sud et l’Est, avec seulement 2 % en Serbie et à Chypre. Quel que soit le pays étudié, les femmes ont des taux de syndrome dépressif plus élevés que les hommes.
D’importantes disparités régionales et générationnelles
Cette nouvelle étude explore les variations des facteurs de risque de syndrome dépressif en fonction de l’âge et de la région de résidence. Car l’effet de l’âge diffère selon les régions d’Europe : en Europe du Sud et de l’Est, la prévalence du syndrome dépressif est très faible chez les 15-24 ans, puis augmente progressivement avec l’âge, atteignant son plus haut niveau après 70 ans.
A l’inverse, en Europe du Nord, c’est parmi les 15-24 ans que le syndrome dépressif est le plus fréquent puis diminue au fur et à mesure que l’âge augmente, jusqu’à 70 ans.
En Europe de l’Ouest, la prévalence du syndrome dépressif est élevée pour toutes les tranches d’âge, avec un pic entre 45 et 59 ans, avant de diminuer légèrement autour de 60-69 ans – ce qui coïncide approximativement avec l’âge de départ à la retraite – jusqu’à 70 ans, où elle remonte un peu.
Les seniors sont plus déprimés en Europe de l’Est et du Sud
Dans les deux groupes d’âge spécifiquement étudiés – les 15-24 ans et les 70 ans ou plus – l’étude met en évidence le rôle protecteur d’une bonne santé et d’un soutien fort de l’entourage sur la prévalence de la dépression, tant pour les personnes âgées que pour les jeunes.
Mais la dépression est aussi sous l’influence de facteurs propres à l’âge. Les taux de dépression sont particulièrement élevés chez les personnes âgées de 70 ans ou plus dans les pays du sud et de l’est de l’Europe (12 %). Ils varient cependant au sein d’une même région : ils dépassent 10 % en Italie, à Malte, en Estonie, en Slovénie, en Pologne, en Bulgarie et en Hongrie, et atteignent même plus de 15 % au Portugal, en Roumanie et en Croatie. La Grèce et la Serbie se démarquent par des taux de dépression très bas chez les seniors, avoisinant 5 %. Globalement, les femmes âgées sont bien plus touchées par des syndromes dépressifs que les hommes.
En Europe de l’Ouest, la dépression est fréquente parmi les personnes âgées (13 %), variant de 16 % en France à seulement 5 % en Irlande et au Luxembourg (7 % en Allemagne). De manière générale, la France présente un taux de dépression parmi les plus élevés des pays d’Europe pour les seniors et pour les jeunes, comme pour l’ensemble de la population.
Le revenu a un effet limité sur la prévalence de la dépression chez les seniors, sauf dans les pays du Sud de l’Europe ; les seniors aux revenus les plus faibles étant souvent ceux souffrant d’un mauvais état de santé, d’un isolement social accru, et ayant une plus grande probabilité d’être veuf(ve).
Chez les jeunes, plus de dépression en Europe du Nord et de l’Ouest
Les jeunes des pays scandinaves présentent plus souvent des syndromes dépressifs que ceux du sud et de l’est de l’Europe. Dans cette région, 14 % des jeunes sont touchés. Les pays de l’Europe de l’Ouest suivent, avec une moyenne de 9 %.
Chez les jeunes, l’inactivité joue un rôle majeur, mais uniquement dans les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord. Le revenu joue également sur les risques de dépression, mais essentiellement en Europe du Nord. Enfin, pour les jeunes, comme pour les personnes âgées, être en mauvaise santé augmente de manière significative le risque de dépression.
L’étude souligne que l’isolement social semble être un facteur significatif de dépression chez les jeunes : les pays qui affichent les taux de dépression les plus élevés chez les jeunes sont aussi ceux où ces derniers quittent le foyer parental le plus tôt. En Europe du Nord, en 2023, les jeunes partent généralement autour de 20 ans, contre 26 ans en moyenne dans l’Union européenne et 30 ans dans le Sud et l’Est (24 ans en moyenne en France).
Source : Dress, Bulletin du 09/01/25 n° 1324. 3e édition de l’enquête européenne sur la santé (European Health Interview Survey [EHIS]). Cette enquête quantitative en population générale est menée tous les six ans dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, ainsi qu’en Islande, en Norvège, en Serbie et en Turquie, auprès de la population âgée de 15 ans ou plus.
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Source : Dress, Bulletin du 09/01/25 n° 1324. 3e édition de l’enquête européenne sur la santé (European Health Interview Survey [EHIS]). Cette enquête quantitative en population générale est menée tous les six ans dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, ainsi qu’en Islande, en Norvège, en Serbie et en Turquie, auprès de la population âgée de 15 ans ou plus.
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet