6 Européennes sur 10 victimes de violences sexuelles au travail
18 octobre 2019
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Loin d’être un milieu sécurisé, le monde du travail est, lui aussi, touché par les violences sexuelles ou sexistes. Ainsi, 60% des Européennes en ont déjà fait les frais au cours de leur carrière !
Cela fait 2 ans que l’affaire Weinstein a éclaté. A cette occasion, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS) ont commandé à l’Ifop une enquête permettant de mesurer l’ampleur des violences sexistes ou sexuelles subies par les Européennes sur leur lieu de travail.
Résultat, 60% d’entre elles rapportent avoir déjà été victimes d’au moins une forme de violence. Les pays les plus concernés étant l’Allemagne (68% des femmes) et l’Espagne (66%). En France, 55% de salariées seraient touchées.
Comme dans les espaces publics, les violences verbales sont les plus répandues, au premier rang desquelles les sifflements et les remarques déplacées sur la silhouette ou la tenue. Mais la « pression sexuelle » subie au travail est loin de se réduire à des propos sexistes. Nombre de femmes rapportent avoir fait l’objet d’agressions physiques voire d’agressions sexuelles au sens strict du terme (18%). En clair, un viol !
Il est aussi important de noter que pour beaucoup, il ne s’agit pas d’une lointaine expérience : 21% des Européennes déclarent avoir été victimes d’une forme de violence sexiste ou sexuelle « au cours des douze derniers mois ».
La promotion canapé, une spécificité française
Les résultats mettent à mal nombre d’idées reçues. Parmi elles, le fait que les auteurs seraient d’abord des personnes abusant de leur position d’autorité. Les agresseurs sont le plus souvent des collègues de même niveau hiérarchique, voire des personnes extérieures à l’entreprise (visiteurs, clients, fournisseurs…).
Notons enfin que les auteurs ont remarqué une spécificité française concernant « les pressions afin d’obtenir de la part de la victime un acte de nature sexuelle en échange d’une embauche ou d’une promotion ». Dans l’Hexagone, dans 51% des cas, l’auteur est un supérieur hiérarchique contrairement à la moyenne de l’Union européenne qui est de 34%.
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Source : Étude Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la FEPS réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 15 avril 2019 auprès d’un échantillon de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet