Cancer du rein métastatique : des traitements plus courts

01 février 2012

Jusqu’à présent, les thérapies ciblées contre le cancer du rein métastatique devaient être administrées en continu. Même lorsque plus aucune cellule tumorale n’était détectable, le patient devait poursuivre le traitement pour éviter les récidives. La donne peut-être, est en train de changer. Une équipe de l’Institut Gustave Roussy (IGR) à Villejuif, a évalué l’intérêt de cesser le traitement chez les patients en rémission totale.

Les Drs Laurence Albiges et Bernard Escudier se sont intéressés aux cas de rémission complète chez des patients atteints d’un cancer du rein métastatique. Tous bénéficiaient d’un traitement à base d’inhibiteurs de la tyrosine-kinase, qui interrompent l’approvisionnement en sang de la tumeur. Ces médicaments anti-angiogéniques empêchent la formation des néo-vaisseaux indispensables à la prolifération tumorale. Ils « affament » donc en quelque sorte, les cellules cancéreuses.

Parmi les patients suivis par l’équipe de l’IGR, 28 ont été traités par thérapies ciblées seules, tandis que 25 autres ont bénéficié en plus, d’un traitement local. Tous étant en rémission totale, leurs traitements ont été interrompus. Après une durée médiane de 255 jours (soit près de 9 mois), 61% des patients du premier groupe se trouvaient toujours en rémission totale. Autrement dit « la tumeur avait totalement disparu, sans récidive », explique le Dr Escudier. Dans le second groupe, seuls 48% des malades étaient dans ce cas.

« C’est une bonne nouvelle pour ces patients. En effet, les inhibiteurs de la tyrosine-kinase sont des médicaments onéreux, dont l’utilisation revient à environ 4 000 euros par mois. Quant à leurs effets secondaires – diarrhées, fatigue… – ils sont difficiles à supporter sur le long terme », poursuit-il.

Certains malades en rémission toutefois, récidivent. « Si on a besoin de relancer le traitement, celui-ci présente d’aussi bons résultats après (cette) interruption », rassure Bernard Escudier. A l’avenir, il espère mieux identifier les patients qui pourraient arrêter de prendre ces médicaments sans risquer de rechute. « Nous avons lancé l’étape suivante. Nous allons étudier les tumeurs pour comprendre ce qui se passe chez les patients guéris », conclut-il.

  • Source : Institut Gustave Roussy (IGR), 23 janvier 2012 ; interview du Dr Bernard Escudier, cancérologue à l’IGR, 25 janvier 2012

Aller à la barre d’outils