Gueule de bois : gare aux attrape-nigauds

30 décembre 2010

La solution miracle à la gueule de bois, c’est… la modération. Pourtant, certains continuent de parier sur la crédulité des consommateurs. Entre une boisson qui prétend réduire le taux d’alcoolémie et des capsules qui vous promettent des lendemains moins difficiles, coup de projecteur sur Outox® et After-Effect®. Remèdes miracles ou arnaques ?

Outox®, vraiment out ! Cette boisson censée «accélérer la baisse naturelle du taux d’alcool » a fait grand bruit il y a quelques mois. Après des débats houleux, l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) rendait son verdict : « l’allégation relative à la baisse de l’alcoolémie n’est pas recevable. » La conclusion parle d’elle-même. Ce n’était qu’un coup de pub aux conséquences potentiellement graves.

After-Effect®, le dernier venu. Mis sur le marché en octobre dernier, il s’agit là d’un complément alimentaire vendu en pharmacie sous forme de capsules. Son créneau, rendre les lendemains de fête moins difficiles. Son fabricant le laboratoire Deenox, a l’honnêteté de ne pas prétendre qu’il agit sur l’alcoolémie. Il se démarque en cela, de la boisson déjà citée. Deenox assure en revanche que son produit « réduit la sensation d’inconfort au lendemain d’une consommation d’alcool, la fatigue, la sensation de soif et la difficulté de concentration ». Le producteur insiste par ailleurs, sur le fait qu’After-Effect® « ne permet en aucun cas de conduire un véhicule après avoir bu ».

Après étude, les laboratoires Deenox assurent que leur produit réduit de 62% la sensation globale de « gueule de bois » et que 84% des sondés (sur un total de 103 personnes) le conseilleraient à leur entourage. Et c’est là que le bât blesse.

Pour le Dr Alain Rigaud, président de l’Association nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), « vous ne risquez pas grand-chose en utilisant ce complément, dans la mesure où ses composants sont des produits naturels (huile de poissons, vitamines B6, B1, C…). Il n’y a (donc) pas tromperie, l’After-Effect® ne cible pas l’alcoolémie comme l’Outox®. Mais l’effet proposé n’est-il pas un simple placebo ? Le consommateur ne saura pas dans quel état il se serait trouvé s’il n’avait rien utilisé ».

Plus grave. D’après le Dr Rigaud le danger est alors déguisé : « même si elles n’encouragent pas à la consommation, ces capsules finissent par rejoindre la finalité de la soi-disant boisson dégrisante. On dit aux gens, ‘vous pouvez boire, ça ira mieux demain !’ C’est la porte ouverte aux abus ».

Difficile de trancher donc. Au final, une chose est certaine. Afin d’éviter les lendemains qui chantent… faux, mieux vaut vous y prendre à l’avance. Commencez par ne pas boire à jeun. L’estomac vide, l’alcool passe plus vite (et en totalité) dans le sang. Un conseil, grignotez un peu avant de boire. Pour résumer, seule la modération sera votre alliée contre les lendemains difficiles.

  • Source : Interview du Dr Alain Rigaud, président de l’Association nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), 22 décembre 2010 ; www.anses.fr, consulté le 23 décembre 2010

Aller à la barre d’outils