Acrophobie : quand la hauteur fait peur
28 juillet 2021
C'est une véritable phobie, qui entraîne des comportements d'évitement et qui peut sérieusement compliquer la vie quotidienne. L'acrophobie, ou la peur de la hauteur, peut être prise en charge grâce à la psychothérapie... et la réalité virtuelle.
Pas besoin d’atteindre des sommets pour sentir monter la peur des hauteurs, un simple escabeau suffit. Voilà l’acrophobie, du grec ákron (sommet, hauteur) et phóbos (peur). Cette peur de la hauteur, donc, est à distinguer du vertige. Celui-ci résulte d’un phénomène physiologique : il est le plus souvent lié au dysfonctionnement de l’équilibration, ce système complexe qui implique les yeux, les oreilles, le cerveau, les muscles… C’est généralement un médecin ORL (et éventuellement un kiné vestibulaire) qui le prend en charge.
L’acrophobie, elle, peut se déclencher à la seule pensée que vous allez vous retrouver en hauteur. Parce que vous éprouvez régulièrement des sensations vertigineuses, lorsque vous montez sur un escabeau ou une échelle par exemple. Vous anticipez donc le fait que ces sensations vont se reproduire, vous les craignez et vous les évitez. Autres possibilités: un traumatisme ancien, une chute pendant l’enfance par exemple, ou le fait d’avoir reçu une éducation surprotectrice.
Exposition progressive
L’acrophobie fait partie de ce que l’on appelle les phobies spécifiques : elles concernent un objet ou une situation particulière. Et comme souvent lorsqu’il s’agit de phobie, la personne qui en souffre évite ce qui lui fait peur. Adieu les randos en altitude, le ski, les soirées roof-top, les visites de gratte-ciel ou les tours de grande roue… Mais un simple changement d’ampoule ou le fait de devoir monter au grenier peuvent déclencher la même peur intense et irrationnelle, et les mêmes symptômes physiques : transpiration, palpitations, difficulté à respirer… Parfois jusqu’à déclencher une attaque de panique.
Pour limiter le retentissement de cette phobie sur la vie quotidienne, les thérapies comportementales et cognitives donnent de bons résultats. Ce type de thérapie brève vise à réduire ou supprimer les symptômes qui accompagnent la phobie, en exposant progressivement le malade à la situation qui déclenche la peur, jusqu’à ce qu’il réussisse à contrôler son anxiété. L’apprentissage de techniques de respiration et de relaxation en complément sont généralement assez efficaces.
Résultats spectaculaires avec la RV
Autre type de thérapie : la réalité virtuelle (RV), testée en 2018 par des chercheurs de l’Université d’Oxford. Ils ont soumis une cinquantaine de patients acrophobes à un programme dans lequel ils devaient virtuellement traverser une passerelle branlante, sauver un chat perché dans un arbre ou encore jouer du xylophone sur le bord d’un balcon, le tout accompagné d’un coach virtuel.
Les résultats de l’expérience sont spectaculaires : par rapport au groupe témoin ayant bénéficié des soins habituels, le groupe RV a vu sa peur des hauteurs diminuer de 68%. Pour la moitié de ce groupe, la peur a même chuté de 75%… Selon le Pr Daniel Freeman, du département psychiatrie de l’Université d’Oxford, cette « étude démontre que la réalité virtuelle peut être un moyen extrêmement puissant de fournir une thérapie psychologique. Nous savons que les traitements les plus efficaces sont actifs : les patients se retrouvent dans les situations qu’ils trouvent difficiles et pratiquent des modes de pensée et de comportement plus utiles. C’est souvent peu pratique dans une thérapie en face à face, mais facilement réalisable en réalité virtuelle. »