Agir sur l’intestin pour ralentir le vieillissement ?
15 mai 2023
Selon une équipe de chercheurs français, il serait possible d’allonger la durée de vie des humains en retardant le vieillissement… de leur intestin. Même si pour le moment, l’hypothèse n’a été testée - avec succès - que sur des poissons-zèbres.
Dans la lutte contre le vieillissement et les maladies associées, tous les moyens sont bons. Y compris l’allongement des télomères. De quoi s’agit-il ? Des extrémités protectrices de nos chromosomes qui raccourcissent à mesure que nous vieillissons. Comment ? « A chaque fois qu’une cellule recopie son ADN avant de se diviser, elle perd un petit bout de télomère, comme une photocopieuse qui rogne les marges du document original », explique l’Inserm.
« La cellule arrête alors de se diviser et de fonctionner normalement. Les chercheurs parlent de cellules « sénescentes », dont l’accumulation contribue au vieillissement de l’organisme ». En clair, la taille des télomères est un bon marqueur du vieillissement biologique. Et, chez l’humain comme chez d’autres espèces, « ces extrémités de chromosomes raccourcissent plus vite dans l’intestin que dans les autres organes au cours de la vie », indique le CNRS.
Fragment d’ADN
Le poisson-zèbre fait justement partie de ces espèces. Parmi ses autres points communs avec l’Homme : il partage 70% de ses gènes avec nous, et « 84 % des gènes liés à des maladies humaines ont un équivalent chez le poisson-zèbre ». Voilà pourquoi les chercheurs français ont eu l’idée de tester leur hypothèse sur cette espèce de poisson.
L’équipe de Miguel Godinho Ferreira de l’Ircan (Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice – CNRS/Inserm/Université Côte d’Azur) a donc « inséré dans le poisson-zèbre un fragment d’ADN permettant aux cellules intestinales de produire l’enzyme responsable de l’allongement des télomères, la télomérase ». Résultat : au-delà du seul intestin, l’organisme tout entier a vu son vieillissement ralentir. Et avec lui, les risques des maladies associées à l’avancée en âge se réduire.
Conclusion des chercheurs : « la proximité entre la longueur des télomères du poisson-zèbre et celle de l’Homme ouvre des perspectives pour contrer le vieillissement ». Et de nouvelles pistes « pour étudier les pathologies associées au raccourcissement des télomères », comme le cancer, les maladies neurodégénératives, immunitaires et gastro-intestinales. A confirmer, bien sûr, chez l’humain.