Alcool, alcoolisme, alcoolisation… des bulles dans la campagne des régionales !

01 février 2004

Surtout, ne pas fâcher ! Plus que jamais et jusqu’aux élections régionales, il est urgent d’attendre avant toute décision de fond. Un principe qui s’impose à l’ensemble des protagonistes de la politique de santé. Même dans les caves et les celliers.

Côté santé publique, les vrais enjeux attendront… Les groupes de travail, formés pour préparer la grande réforme de l’assurance maladie, travailleront à marche forcée mais… en toute discrétion. Pour tenir les délais il faudra jouer serré. Concertations (négociations ? tractations ?) jusqu’à fin mai ; projet de loi en Conseil des ministres sous quinzaine ; puis passage à l’Assemblée pour décider si la loi sera votée ou si le gouvernement passera en force par les ordonnances. Et déjà, ce sera l’heure de la grande interview présidentielle du 14 juillet !

Celle-ci sera loin de marquer la fin des marchandages, au contraire. Le Président de l’UNOF Michel Combier, dit sans ambages dans une lettre à ses adhérents, que le ” combat (pour) infléchir ces modifications dans le sens qui nous importe (…) ne s’achèvera pas au mois de juillet mais durera plusieurs années. ” On n’est pas plus clair.

Côté cour – ou côté jardin – ce n’est guère mieux. Les points de détail, du genre lutte contre le tabagisme ou l’alcoolisme, ont du mal à passer. C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer des corporatismes et des intérêts catégoriels. En haut lieu, il reste de bon ton de se préoccuper de sécurité sanitaire – voire alimentaire – et de se préparer à affronter les moulins des facteurs de risque.

En revanche s’il est toujours ” nécessaire ” de lutter contre l’alcoolisme, le politique se garde de porter le fer là où se trouve le gros de la consommation : sur les produits bon marché qui permettent de s’alcooliser en masse avec un approvisionnement facile. Les bières fortes, très fortes parfois, dont les jeunes peuvent faire ample provision dans n’importe quel supermarché et certaines stations-service. Ils ont à peine besoin de quitter le volant pour se ravitailler !

Dans le même temps, les sénateurs ont repoussé la proposition de faire figurer sur les boissons alcoolisées, un avertissement aux femmes enceintes. Logique, quand le syndrome d’alcoolisation foetale (décrit pour la première fois au monde par le Nantais Paul Lemoine en 1968) frappe chaque année plus de 2 500 petits Français ! Et Jean-Pierre Raffarin, ému par la détresse de la base vitivinicole à moins qu’il n’ait été ébranlé par sa colère montante, a ” accepté la création de groupes de travail réunissant des représentants de la filière, des parlementaires (et) des pouvoirs publics ” nous apprend un communiqué de l’association ” Vin et Société “.

Des groupes qui, ” au terme de leurs travaux (…) remettraient au Premier ministre leurs recommandations pour assurer l’avenir de la filière dans une logique de promotion de la consommation socialement responsable. ” De toute évidence et considérant la surcharge des agendas politiques, cette présentation ne pourra guère intervenir avant le mois de juillet. Voilà une urgence qui devra attendre… Ce n’est pas le cas de la Loi Evin, jugée tout à coup inadaptée, sinon scélérate !

Hervé Gaymard vient de reconnaître la nécessaire évolution de cette loi de Santé publique, l’une des premières dignes de ce nom dont la France se soit dotée. Nécessaire pour qui ? Le député Jean-Marie Le Guen, responsable des questions de Santé et d’Assurance maladie pour le groupe socialiste au Palais Bourbon, a beau jeu de s’engouffrer dans ce qu’il perçoit comme un boulevard ouvert à la critique d’une certaine pusillanimité politique. Il est permis d’aimer le vin, et en même temps de comprendre que la logique des réaménagements envisagés est très éloignée des préoccupations de Santé publique.

Le 4 mars après-midi, il dénonçait ainsi ” le mauvais coup porté à notre santé publique alors même que l’alcoolisme marque durement notre pays, la santé de ses habitants et la vie de nombreuses familles. ” Et le parlementaire de décliner tout uniment la ” promesse illusoire qui se heurtera aux dispositions juridiques et constitutionnelles existantes ” et ” le mauvais coup pour la démocratie car une fois encore, l’intérêt général est sacrifié devant les intérêts particuliers.

  • Source : Photo (c) UPMC

Destination Santé
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