Alcool : la consommation à risque ne baisse pas
09 novembre 2021
Les Français sont toujours aussi nombreux à consommer trop d’alcool. Le constat chiffré de la dernière publication du Bulletin épidémiologique hebdomadaire révèle ainsi que les campagnes de prévention mises en œuvre ne suffisent pas.
Comme le tabac, l’alcool est responsable de nombreux décès, 40 000 chaque année en France pour être précis. Pourtant, contrairement à la cigarette, le petit verre de vin ou encore la bière bien fraîche ne sont pas considérés dans l’esprit collectif comme un danger pour la santé.
C’est pour réduire l’impact de ce fléau que Santé publique France et l’Institut national du cancer ont mandaté en 2017 un groupe d’experts dans le but de définir des repères de consommation d’alcool à moindre risque. « Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie, de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour et d’avoir des jours dans la semaine sans consommation », indiquent ces recommandations.
23% de la population adulte
Pourtant, malgré la mise en place de campagnes de communication pour transmettre ces nouveaux repères, les habitudes de consommation s’avèrent tenaces. Tout comme les idées reçues. C’est ce que révèle le Baromètre santé de Santé publique France 2020*. Ainsi, les choses ne semblent pas bouger puisque 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation d’alcool, contre 23,6% en 2017. Parmi eux, les hommes et les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat représentaient la majorité.
Néanmoins, le Baromètre constate que d’autres types de population sont à risque de consommer trop d’alcool, sans constituer la majorité des consommateurs pour autant. Il s’agit des femmes ayant un diplôme élevé, des hommes au chômage et les personnes (hommes et femmes) ayant des revenus élevés.
La puissance du marketing
« Ces résultats permettent d’améliorer le ciblage des actions de prévention, en tenant compte des inégalités sociales de santé », indiquent les rédacteurs de l’étude. Une nécessité impérieuse face à ce fléau qui ne recule pas facilement. La preuve, « l’envie de réduire sa consommation concerne seulement 23% des consommateurs au-dessus des repères, suggérant des comportements très ancrés et une certaine mise à distance des risques vis-à-vis de leur propre consommation », rappellent-ils.
« Le travail de débanalisation de la consommation d’alcool est rendu à la fois indispensable et très difficile du fait de la puissance du marketing déployé par les industriels de l’alcool en France », concluent-ils.
*enquête téléphonique sur échantillon aléatoire auprès de la population adulte résidant en France métropolitaine, menée entre janvier et mars, puis entre juin et juillet 2020, auprès de 14 873 individus